Politique
À droite, une grande famille divisée, sans tête ni boussole
Les Français sont majoritairement « de droite », mais privés d’un parti capable de les unir sur un programme clair et cohérent. C’est le constat dressé par le philosophe et eurodéputé François-Xavier Bellamy sur France Inter (26 avril) au surlendemain de la réélection d’Emmanuel Macron, et après la cuisante défaite, au premier tour, de la candidate LR Valérie Pécresse (4,78% des voix). François-Xavier Bellamy estime que la droite LR s'est « discréditée » par ses « confusions » et que l’urgence est à la clarification.
Les ralliements à Emmanuel Macron se poursuivent après sa victoire. Ceux des élus LR qui franchissent le Rubicon « en ont tout à fait le droit, c'est la démocratie, et il y a un parti pour ça : c'est La République en Marche », a commenté François-Xavier Bellamy. Cependant, a-t-il ajouté, « je ne vois pas ce qu'il y a à construire avec quelqu'un qui a tant détruit. Et se prétendre constructif pour dissimuler un revirement tactique, ou bien un opportunisme immédiat, me semble être au fond une manière de décourager les Français de croire en la politique, en la constance, en la sincérité de leurs élus ». Il visait Nicolas Sarkozy et les LR qui, dans son sillage, se disent « constructifs » en répondant à l’« appel au rassemblement » du chef de l’État.
À l'issue du conseil stratégique des Républicains, le président de LR, François Jacob, a confirmé le refus de la double appartenance. Les contrevenants seraient automatiquement exclus du parti. Cela risque de faire beaucoup de monde : on compte déjà parmi les nouveaux ralliés à Emmanuel Macron les présidents de région Jean Rottner (Grand Est) et Christelle Morançais (Pays de la Loire), les maires Gil Avérous (Châteauroux), Franck Louvrier (La Baule), Gaël Perdriau (Saint-Étienne), Jean-François Copé (Meaux), Daniel Fasquelle (Le Touquet), Maider Arosteguy (Biarritz), ou encore le député de l’Yonne Guillaume Larrivé. Néanmoins, le président de LR ne désespère pas d’accroître aux législatives de juin le nombre de députés LR (101 actuellement). « On veut rebondir avec les élus ancrés sur le terrain », a assuré Christian Jacob, soulignant que les députés de la majorité En Marche « n'ont pas d'ancrage ».
Si l’ancrage local des députés LR est incontestablement un atout, il ne remplace pas une vision pour la France. « Aujourd'hui, la confusion de plus, ce serait la confusion de trop. Soit nous sommes clairs, soit nous disparaîtrons, et la démocratie a beaucoup à y perdre » avertit François-Xavier Bellamy. David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France, est sur la même ligne : « Il faut être lucide et tout changer dans l'approche qui depuis de trop longues années est celle de la droite », a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé après la réélection d'Emmanuel Macron. Il entend « rompre avec quarante ans d'échecs, de conformisme, de social-démocratie et d'étatisme » et propose un « autre choix que le social-étatisme dépensier et théâtral du macronisme ».
L’éclatement de LR, à court ou moyen terme, semble inéluctable. Et à droite de LR, y aura-t-il alliance entre le RN et Reconquête! ? Marine Le Pen, avec un peu plus de 41% des voix, progresse de 2,7 millions de voix par rapport à 2017, et arrive en tête dans 158 circonscriptions et 28 départements, contre 2 en 2017. Néanmoins, elle échoue pour la troisième fois et pas de peu : Macron a recueilli plus de 58% des voix. Dans tout autre pays que la France, un échec « au sommet » renvoie le candidat à ses études. Alors trois… ! Éric Zemmour, dont le score au premier tour (7,1%) en aura déçu plus d’un, n’a pas pu s’empêcher de dézinguer les Le Pen père et fille (« Hélas, c’est la 8e fois que la défaite frappe le nom des Le Pen, je voyais cette défaite venir depuis tant d’années ! ») avant de proposer au RN… une grande union nationale en « oubliant nos querelles ». Comme on pouvait s’y attendre, sa proposition a été très fraîchement accueillie par l’état-major du RN. Le porte-parole de Marine Le Pen, Sébastien Chenu, a répondu que Zemmour, par ses attaques, avait « fermé la porte à toute possibilité d'alliance ». Voire… Une union des droites, intégrant LR, est plébiscitée par les électeurs : « Ils sont 56% à la souhaiter pour Reconquête!, 57% pour le RN et 61% pour LR » selon une enquête du Figaro (30 mars).
Mais au-delà des querelles d’appareils suivies ou non d’alliances électorales, le fond de la question reste celui d’une vision pour la France. Quel projet pour revivifier et ressouder un pays dont la fracture devient béante entre d’une part, retraités et citadins « mondialistes », et de l’autre, anciens et nouveaux laissés pour compte de « la France périphérique » ? « Ce qui rend notre situation si difficile à analyser, c’est que nous essayons de décrire dans les termes politiques habituels ce qui est en fait un processus de dépolitisation » observe le politologue Pierre Manent dans un entretien au Figaro (en lien ci-dessous).
Les ralliements à Emmanuel Macron se poursuivent après sa victoire. Ceux des élus LR qui franchissent le Rubicon « en ont tout à fait le droit, c'est la démocratie, et il y a un parti pour ça : c'est La République en Marche », a commenté François-Xavier Bellamy. Cependant, a-t-il ajouté, « je ne vois pas ce qu'il y a à construire avec quelqu'un qui a tant détruit. Et se prétendre constructif pour dissimuler un revirement tactique, ou bien un opportunisme immédiat, me semble être au fond une manière de décourager les Français de croire en la politique, en la constance, en la sincérité de leurs élus ». Il visait Nicolas Sarkozy et les LR qui, dans son sillage, se disent « constructifs » en répondant à l’« appel au rassemblement » du chef de l’État.
À l'issue du conseil stratégique des Républicains, le président de LR, François Jacob, a confirmé le refus de la double appartenance. Les contrevenants seraient automatiquement exclus du parti. Cela risque de faire beaucoup de monde : on compte déjà parmi les nouveaux ralliés à Emmanuel Macron les présidents de région Jean Rottner (Grand Est) et Christelle Morançais (Pays de la Loire), les maires Gil Avérous (Châteauroux), Franck Louvrier (La Baule), Gaël Perdriau (Saint-Étienne), Jean-François Copé (Meaux), Daniel Fasquelle (Le Touquet), Maider Arosteguy (Biarritz), ou encore le député de l’Yonne Guillaume Larrivé. Néanmoins, le président de LR ne désespère pas d’accroître aux législatives de juin le nombre de députés LR (101 actuellement). « On veut rebondir avec les élus ancrés sur le terrain », a assuré Christian Jacob, soulignant que les députés de la majorité En Marche « n'ont pas d'ancrage ».
Si l’ancrage local des députés LR est incontestablement un atout, il ne remplace pas une vision pour la France. « Aujourd'hui, la confusion de plus, ce serait la confusion de trop. Soit nous sommes clairs, soit nous disparaîtrons, et la démocratie a beaucoup à y perdre » avertit François-Xavier Bellamy. David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France, est sur la même ligne : « Il faut être lucide et tout changer dans l'approche qui depuis de trop longues années est celle de la droite », a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé après la réélection d'Emmanuel Macron. Il entend « rompre avec quarante ans d'échecs, de conformisme, de social-démocratie et d'étatisme » et propose un « autre choix que le social-étatisme dépensier et théâtral du macronisme ».
L’éclatement de LR, à court ou moyen terme, semble inéluctable. Et à droite de LR, y aura-t-il alliance entre le RN et Reconquête! ? Marine Le Pen, avec un peu plus de 41% des voix, progresse de 2,7 millions de voix par rapport à 2017, et arrive en tête dans 158 circonscriptions et 28 départements, contre 2 en 2017. Néanmoins, elle échoue pour la troisième fois et pas de peu : Macron a recueilli plus de 58% des voix. Dans tout autre pays que la France, un échec « au sommet » renvoie le candidat à ses études. Alors trois… ! Éric Zemmour, dont le score au premier tour (7,1%) en aura déçu plus d’un, n’a pas pu s’empêcher de dézinguer les Le Pen père et fille (« Hélas, c’est la 8e fois que la défaite frappe le nom des Le Pen, je voyais cette défaite venir depuis tant d’années ! ») avant de proposer au RN… une grande union nationale en « oubliant nos querelles ». Comme on pouvait s’y attendre, sa proposition a été très fraîchement accueillie par l’état-major du RN. Le porte-parole de Marine Le Pen, Sébastien Chenu, a répondu que Zemmour, par ses attaques, avait « fermé la porte à toute possibilité d'alliance ». Voire… Une union des droites, intégrant LR, est plébiscitée par les électeurs : « Ils sont 56% à la souhaiter pour Reconquête!, 57% pour le RN et 61% pour LR » selon une enquête du Figaro (30 mars).
Mais au-delà des querelles d’appareils suivies ou non d’alliances électorales, le fond de la question reste celui d’une vision pour la France. Quel projet pour revivifier et ressouder un pays dont la fracture devient béante entre d’une part, retraités et citadins « mondialistes », et de l’autre, anciens et nouveaux laissés pour compte de « la France périphérique » ? « Ce qui rend notre situation si difficile à analyser, c’est que nous essayons de décrire dans les termes politiques habituels ce qui est en fait un processus de dépolitisation » observe le politologue Pierre Manent dans un entretien au Figaro (en lien ci-dessous).