Le F-35 : l'avion invisible qui menace... l'OTAN
Le F-35 est le plus gros programme d'avions militaires au monde. On estime que son coût global serait de 1 700 milliards de dollars (en prenant en compte la fabrication et l'entretien tout au long de leur vie des 2 500 appareils que doivent théoriquement commander les Américains et leurs partenaires).
Mais ce programme a accumulé des retards et des problèmes. En 2013, des documents internes au Pentagone n'hésitaient pas à écrire : « les défauts que présente le F-35 rendent cet avion de chasse inopérant pour le combat ou l'entraînement au combat […] Tout pilote qui monte à bord se met en danger avant même d'aller au combat. […] Aucune mission de formation ne peut pour le moment être exécutée en toute sécurité à bord de cet avion. » Un avion qui ne peut ni combattre ni même former des pilotes n'a pas beaucoup d'utilité. 850 problèmes ont été identifiés depuis 10 ans, et si certains ont été traités, il était indiqué dans un rapport de 2020 que « le canon ne parvient pas à viser correctement ses cibles, ce qui rend sa performance "inacceptable" aux yeux des auteurs du rapport ». Un an après, le F-35 était le premier avion capable de s'abattre soi-même. Ce n'est pas une plaisanterie : un obus tiré par l'avion ayant explosé à l'intérieur de celui-ci, le pilote a dû se poser en catastrophe, heureusement sans blessures pour lui. Mais le plus beau reste à venir : le nom donné au F35 est « Lightning » (l'éclair). Or, le F35 ne peut pas voler en cas d'orage ! En effet, la foudre pourrait faire exploser l'appareil, ce qui n'est le cas d'aucun autre avion civil ou militaire volant actuellement. On évite également de le faire voler par temps de pluie car les précipitations abîment son revêtement furtif, ce qui nécessite de coûteuses manœuvres d'entretien après l'atterrissage…
On peut bien sûr se demander pourquoi autant de pays occidentaux ont acheté cet avion, alors que ses défauts sont à ce point visibles ? La réponse est assez simple : ils n'achètent pas un avion mais le « parapluie américain ». La vente de l'appareil, très importante pour les Américains, comme nous allons le voir, est associée à un certain nombre de garanties en cas de menaces. La chose devient grave quand c'est un groupe d'experts des questions militaires, MARS, qui écrit : « le F-35 a été une formidable machine de guerre pour soumettre la défense européenne aux intérêts américains. Il risque d'être demain l'outil de la défaite de l'OTAN face à ses compétiteurs stratégiques ».
En effet, le F-35 est tellement mauvais qu'il pourrait mettre gravement en danger l'OTAN face aux derniers appareils furtifs des Russes ou des Chinois, comme le Su-57 ou le J-20. Une simulation faite par d'anciens responsables du ministère de la Défense australien — pays qui a acheté le F-35 ! — nous renseigne à ce sujet : une flotte de vingt-quatre F-35 n'aurait qu'un seul survivant si elle était confrontée à des Su-27 russes et ce, malgré l'aide de deux Boeing AWACS pour les guider. Or, le premier vol du Su-27 date de 1977. Il est donc moins performant que son successeur actuellement en service dans les armées russes, le Su-35 (sans parler bien sûr du Su-57). Le responsable de cette étude affirme ouvertement que le F-35 est une « pyramide de Ponzi ». Vous devez faire un maximum de publicité, en vendre le plus possible au plus grand nombre de clients possibles… avant que l'on ne découvre que votre produit est en réalité une fraude.
Cela pourrait expliquer les différentes pressions des États-Unis pour qu'un maximum d'états occidentaux achète cet appareil. Comme le dit le rapport MARS, le F-35 a déjà rempli une partie de sa mission : il a gagné la guerre contre l'industrie européenne de l'aviation militaire. Les Allemands, les Anglais, les Polonais ou les Hollandais ont déjà acheté le modèle américain au lieu d'un avion européen comme l'Eurofighter Typhoon ou le Rafale français. Le problème, c'est que ce choix pourrait être le véritable talon d'Achille de l'OTAN.
Mais au-delà du F-35, une analyse économique s'avérerait très instructive. En effet, si les Américains ne peuvent changer leur fusil d'épaule — bien que la Marine américaine songe sérieusement à racheter des vieux F-15 à la place des F-35 flambant neufs — c'est parce qu'ils ont trop investi dans ce programme. De la même façon, comme démontré dans une LSDJ précédente, on ne peut pas arrêter le programme Ariane 6 parce que l'on a déjà trop dépensé. On sait pourtant qu'il est obsolète avant même d'avoir lancé sa première fusée… Même chose pour le projet Orion américain, lui aussi dépassé par les progrès de Space X. Un raisonnement similaire explique pourquoi la plupart des pays Occidentaux s'acharnent à développer une filière nucléaire selon des modèles bien plus dangereux que d'autres.
Seulement, voilà. Quand on est monté à bord d'un train, il est très difficile d'en descendre en marche. C'est peut-être la leçon la plus importante du F-35 pour les gouvernements. Du point de vue aéronautique, on peut se réjouir qu'il existe encore une exception française dans le domaine avec le Rafale. Si les Américains ont longtemps essayé d'en empêcher la vente, de nombreux pays ont su voir qu'il s'agissait de l'avion le plus intéressant actuellement.