Le XRP figure aujourd'hui parmi les trois cryptomonnaies les plus influentes au monde, se positionnant juste derrière le Bitcoin et l'Ethereum. Développé par la société Ripple en 2012, ce dinosaure des cryptos ambitionne de transformer les paiements transfrontaliers grâce à une solution rapide, économique et écologique.

Ripple a obtenu des validations réglementaires dans des centres financiers stratégiques, consolidant ainsi sa crédibilité :

• Émirats arabes unis : Validation par l'Autorité de Régulation des Actifs Virtuels. La Banque Nationale d'Abu Dhabi utilise déjà ses services pour ses transactions internationales.

• Singapour : Accord de principe pour une licence de paiement délivrée par l'Autorité monétaire de Singapour, un acteur majeur en Asie.

• Irlande : Enregistrement auprès de la Banque centrale comme prestataire d'actifs virtuels, ouvrant l'accès au marché européen et renforçant sa conformité réglementaire dans l'Union européenne.

• New York, États-Unis : Approbation par le Département des Services Financiers de son stablecoin RLUSD (monnaie stable adossée au dollar américain, sur le réseau de paiement numérique sécurisé RippleNet).

Ripple a également établi des partenariats avec des institutions financières de premier plan, comme Santander et American Express, qui utilisent RippleNet pour moderniser leurs infrastructures de paiement.

En 2020, la SEC (Securities and Exchange Commission, qui est le régulateur des marchés financiers aux États-Unis) a intenté un procès contre Ripple, accusant l'entreprise d'avoir levé 1,3 milliard de dollars via des ventes non enregistrées de XRP, qu'elle considérait comme des titres financiers. Après trois ans de litige, un tribunal a statué en 2023 que le XRP n'était pas une valeur mobilière lorsqu'il était utilisé comme outil de paiement. Cette décision a légitimé le XRP comme une cryptomonnaie utilitaire, rassurant les investisseurs et créant un précédent favorable pour l'écosystème crypto.

Cependant, la SEC a fait appel en octobre 2024. Ses chances d'aboutissement sont limitées. Gary Gensler, président de la SEC connu pour sa ligne dure envers les cryptos, a annoncé sa démission en janvier 2025. Son successeur pressenti, Paul Atkins, est réputé pour son approche favorable aux actifs numériques. Ce contexte, associé à la prise de pouvoir de Donald Trump et à la solidité de la défense de Ripple, rend peu probable une remise en cause du jugement.

Le système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications), bien qu'officiellement indépendant de tout pays, est fortement influencé par les régulations internationales, notamment européennes et américaines. Utilisé par plus de 11 000 institutions financières dans 200 pays, SWIFT est omniprésent, comme en témoigne le code BIC/SWIFT visible sur chacun de vos RIB. Cependant, il est critiqué pour ses délais (jusqu'à 5 jours), ses frais élevés et sa dépendance au dollar. De plus, SWIFT a été utilisé comme outil de sanction géopolitique, notamment contre l'Iran et la Russie, renforçant la défiance envers ce système perçu comme un levier de pression occidental.

Le XRP propose une alternative crédible : des transactions quasi instantanées, des coûts réduits, une compatibilité avec des normes modernes et une infrastructure conçue pour s'intégrer aux systèmes financiers existants. RippleNet, le réseau soutenant le XRP, garantit des échanges fluides entre institutions grâce à des standards de sécurité avancés. Une hypothèse spéculative évoque un possible partenariat entre SWIFT et Ripple, notamment en raison de leur collaboration dans un groupe de travail sur les paiements transfrontaliers. Cependant, SWIFT a démenti tout partenariat stratégique ou commercial, soulignant que leurs solutions restent distinctes et concurrentes.

Malgré ses atouts, le XRP fait face à plusieurs défis majeurs. Des critiques sur sa centralisation persistent : Ripple détient encore une part importante des XRP en circulation, ce qui soulève des interrogations sur son indépendance. Selon Coinhouse « Ripple est un réseau fortement centralisé, sous le contrôle de l'entreprise qui le gère. La création monétaire dépend intégralement du bien-vouloir de ses dirigeants ». La concurrence, bien que non directe, existe. Stellar et XDC, qui sont aussi toutes deux certifiées ISO 20022, partagent des objectifs similaires. Cependant, Stellar, fondée par Jed McCaleb (ancien cofondateur de Ripple), se concentre sur les marchés émergents avec des partenariats comme celui avec MoneyGram, tandis que XDC cible la finance de commerce, numérisant des processus tels que les garanties bancaires.

Les monnaies numériques des banques centrales, comme le yuan numérique ou les projets en Inde et au Brésil, offrent des alternatives soutenues par les États, perçues comme plus sûres. Ripple collabore avec certaines banques centrales pour connecter ces initiatives à ses réseaux, mais la méfiance envers des solutions américaines pourrait limiter ces projets.

Les enjeux géopolitiques compliquent la situation. Les BRICS privilégient des systèmes régionaux comme le SPFS russe ou le CIPS chinois pour réduire leur dépendance aux solutions américaines. Bien que Ripple se positionne comme une solution globale, certains y voient un prolongement de l'influence américaine, surtout parce que le XRP est adossé au dollar. Les États-Unis, sous Trump, ont tout intérêt à soutenir cette cryptomonnaie pour accompagner les mutations mondiales, tout en maintenant leur influence. Enfin, des régulations imprévues dans certaines juridictions pourraient freiner son adoption. En somme, Ripple a remporté des batailles, mais reste loin d'avoir gagné la guerre.