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Le triomphe électoral de Trump sonne les médias et les stars du « show biz »

Par Philippe Oswald. Synthèse n°2333, Publiée le 29/11/2024 - Des journalistes attendent devant la Maison Blanche alors que le président américain Joe Biden et le président élu Donald Trump s’y rencontrent pour des pourparlers de transition, le 13 novembre 2024 (Photo de Celal Gunes / Anadolu via AFP)
L'ampleur de la victoire de Donald Trump, élu 47ème président des États-Unis après avoir été le 45ème, a sonné les médias « mainstream » et les vedettes du « show business » des deux côtés de l'Atlantique. Ils n'avaient pas ménagé leur soutien à Kamala Harris, sans mesurer à quel point les quatre années Biden/Harris avaient déçu, voire exaspéré, une majorité d'Américains.

Après avoir remporté tous les « États  pivots », le 47e président des États-Unis va disposer des pleins pouvoirs : exécutif à la Maison-Blanche, législatif au Congrès (majorité au Sénat et majorité absolue à la Chambre des représentants cf. Le Monde, 14 novembre), le tout sous la houlette d'une Cour suprême dominée par les juges conservateurs.

Les instituts de sondage donnaient Kamala Harris et Donald Trump au coude à coude. Or la carte des États-Unis a viré au rouge (la couleur des Républicains). Les commentateurs annonçaient de violentes tensions sociales au lendemain des élections, et rien n'a bougé. La plupart n'avaient pas vu venir cette victoire par KO qui fait du milliardaire Trump le champion de la classe moyenne et des ouvriers, et même des « mâles » au sein des « minorités », ce qui n'était pas le cas lors de sa précédente élection, en 2016. « Il gagne dans des fiefs pourtant démocrates depuis des dizaines d'années », constate l'Institut de Recherches Économiques et Fiscales (IREF, 6 novembre). « Il a convaincu beaucoup d'hommes jeunes, les 18-29 ans ayant voté pour lui à 54%, contre 43% pour Kamala Harris : 11 points de différence ! Les classes populaires l'ont majoritairement suivi. Les Noirs ont été presque deux fois plus nombreux à voter pour lui (8% en 2020, 15% aujourd'hui) et il a rallié 41% des Hispaniques, 6 points de plus qu'en 2020. »

Le camp des Démocrates est sonné. Et avec lui, les médias qui les ont ostensiblement soutenus, ainsi que les vedettes du « show business », des deux côtés de l'Atlantique. Ils n'avaient pas mesuré à quel point les quatre années Biden avaient déçu voire exaspéré une majorité d'Américains en leur faisant regretter la précédente présidence Trump. Kamala Harris a renforcé cette exaspération en reprenant contre son adversaire les attaques « ad hominem » de Hillary Clinton en 2016. Pourtant, ils n'avaient pas ménagé leurs efforts ! Pour la couverture de cette campagne, le biais médiatique fut « sans précédent », relève l'Observatoire du journalisme  (3 novembre, en lien également ci-dessous) : « Selon le Media Resarch Center, 85 % de la couverture de Donald Trump par les trois principales chaînes américaines (ABC, CBS et NBC) est négative. 78 % de celle de Kamala Harris est positive. Un biais médiatique absolument sans précédent pour une élection présidentielle américaine, pire que pour les précédentes déjà peu équilibrées… »

Même constat en France l'élection de Donald Trump « n'a pas manqué de (…) stupéfier l'audiovisuel public qui ne s'attendait manifestement pas à une telle déconvenue » relève Boulevard Voltaire (10 novembre). Après le retrait de Joe Biden le 21 juillet, « ...il y a une bascule dans l'opinion américaine, au profit de la candidate Kamala Harris et des démocrates », annonçait Thomas Snégaroff, historien et spécialiste des États-Unis, sur France Inter, le 19 août. Dans sa chronique du 24 août, toujours sur France Inter, Thomas Snégaroff présentait Kamala Harris comme « la pire des candidates pour Donald Trump. (...) qui, non seulement apparaît comme vieilli, mais aussi un vieux mâle blanc face à une jeune femme métisse très dynamique. » Et qui plus est, « compétente sur les dossiers, ça, c'est très important ! » (sic) Alors comment hésiter ? « ...moi, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes électeurs américains qui ne voulaient pas voter pour Joe Biden et qui, cette fois-ci, n'hésiteront pas une seconde. » Deux mois et demi plus tard, en guise de mea culpa, Thomas Snégaroff accusait les sondeurs (qui avaient pourtant annoncé in extremis que Trump passait en tête dans leurs enquêtes) : « Pour la troisième fois de suite, les sondeurs ont sous-estimé Donald Trump. » À leur décharge, a-t-il tempéré, « ils ne savent pas comment sonder des gens qui détestent tellement le système qu'ils ne disent pas pour qui ils vont voter. » (France Inter, 6 novembre). Et pour cause, l'homme qu'ils ont élu est un fasciste, avait martelé France 5. Le 25 octobre, la chaîne publique a consacré au candidat républicain deux émissions respectivement intitulées :  « Trump, la menace fasciste » et « Trump, le nouveau visage du fascisme ». Le 23, cette même chaîne présentait dans C Ce Soir « Trump, un fascisme à l'américaine ».

L'élection de Trump n'est pas non plus le « happy end » qu'attendait Hollywood, acquis à Kamala Harris à quelques exceptions près, tel Sylvester Stallone pour qui Trump est le « second George Washington » (The Hollywood Reporter, 15 novembre). L'avant-veille de l'élection, Paris Match (3 novembre) annonçait que « Harrison Ford [avait] rejoint la longue liste de personnalités, de Taylor Swift à Beyoncé en passant par Leonardo DiCaprio » qui appelaient les Américains à voter pour Kamala Harris. Quant à « George Clooney, qui avait soutenu Kamala Harris en levant 30 millions de dollars », relève Closer (10 novembre) , «...accusé par certains démocrates d'être responsable de sa défaite, [...il] envisage de se retirer de la politique américaine et de se réfugier dans sa propriété en France pour retrouver la paix. » Retrouver la paix en France, le moment choisi laisse songeur...


La sélection
Élection américaine, Trump/Harris : un biais médiatique sans précédent !
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