
Rapport Sauvé, affaire Aupetit, les deux sujets brûlants de la rencontre du Pape et des évêques
Le pape lui-même, selon Jean-Marie Guénois, le vaticaniste chevronné du Figaro, aurait émis des réserves à l’adhésion proche de la soumission avec laquelle l’épiscopat avait reçu ce document. Le Saint-Père avait déclaré le 6 décembre devant la presse : « Quand on fait ce genre d’études, il faut faire attention aux interprétations » car « on court le risque de confondre la façon de ressentir un problème d’une époque, il y a soixante-dix ans, avec la nôtre ». Mais le pape avait reconnu ne pas avoir « lu le rapport, ni entendu les commentaires des évêques français ». Ajoutant : « Je vais leur demander qu’ils m’expliquent la chose ». Ce qui fut fait le 13 décembre, apparemment à la satisfaction du Saint-Père.
Second point sensible de la rencontre du pape et des évêques, la démission de l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, et son acceptation immédiate par le souverain pontife. Interrogé à ce propos par des journalistes dans l’avion qui les ramenait de Grèce le 6 décembre, le pape François avait déclaré que Mgr Aupetit « ne peut plus gouverner » car « sa réputation a été atteinte » par les « commérages ». Le pape avait aussi évoqué des « caresses » entre Michel Aupetit, alors vicaire général du diocèse de Nanterre et sa « secrétaire ». Concernant celle-ci, le pape avait été mal informé : elle est totalement hors de cause… Mgr Aupetit a bien reconnu avoir eu à l’époque (il y a de cela près d’une décennie) une relation « ambigüe » avec une femme, mais nie son caractère sexuel. Il affirme qu’il avait rompu cette relation et qu’il s’en était alors ouvert à sa hiérarchie. Cette information n’avait pas empêché qu’il soit nommé évêque de Nanterre (2014), puis archevêque de Paris (2017), ce qui ne se fait jamais sans une enquête approfondie du Saint-Siège. Au cours de sa conférence de presse aérienne, le pape avait expliqué aux journalistes que son acceptation de la démission de l’archevêque était faite sur « l’autel de l’hypocrisie » et non « de la vérité ». Toujours est-il que la façon dont le pape avait alors communiqué sur cette affaire avait choqué beaucoup de monde.
Malgré son ordre du jour épineux, la rencontre du 13 décembre entre le pape et les évêques a paru détendue et cordiale, selon la relation donnée par Mgr Éric de Moulins-Beaufort à l’issue de l’entretien. « Nous pouvons affirmer, si quelqu’un en doutait, le soutien du pape. Personnellement, je n’en ai jamais douté », a souligné Mgr de Moulins-Beaufort, qui a aussi ajouté qu’il était « rasséréné » après cette rencontre. « J’espère que nous arriverons à convaincre l’Église de France qu’elle peut l’être. » Le président de la Conférence des évêques de France a ajouté que le pape les avait encouragés à poursuivre leur travail « dans l’écoute des personnes victimes comme point focal de notre attitude » et qu’il était « d’accord sur le principe » de rencontrer les membres de la Ciase. S’agissant de l’acceptation de la démission de Mgr Aupetit, « il [le pape] nous a dit sa tristesse devant cette décision prise sur l’autel de l’hypocrisie et non de la vérité » a rapporté Mgr de Moulins-Beaufort. C’est cette même expression que le pape avait employée dans l’avion devant les journalistes.