Les parents d'Émile parlent pour la première fois mais pas à n'importe qui
Tous les médias voulaient la première interview des parents du petit Émile ; et c'est Famille Chrétienne qui l'a eue, sans même la demander ! Marie et Colomban ont reçu le journaliste Samuel Pruvot dans la maison familiale du Haut-Vernet.
« Ce n'est pas une décision soudaine, indique le père. Car, assez vite, nous nous sommes rendu compte qu'il nous faudrait le faire, au bon moment, et avec un média choisi par nous. » Le bon moment, c'était la rentrée, pour toucher le plus de monde possible au retour des vacances et bientôt deux mois après la disparition de l'enfant (8 juillet). Quant au choix du média, Marie l'explique : « Nous étions conscients que la plupart des journalistes ne sont pas en mesure de comprendre le monde catholique. Ils ne saisissent pas toujours le sens des mots : tout peut être déformé, compris de travers, voire volontairement caricaturé… » Et d'ajouter : « La désinformation et la haine existent : cela s'est confirmé de manière stupéfiante (…). »
Tiens donc, et pour quelle raison ? « Certains médias assez vicieux se sont permis de raconter n'importe quoi sur nous sous prétexte que nous étions cathos », déplore Colomban, allant « jusqu'à oser écrire que les enquêteurs s'intéressaient désormais à nous au motif que mon profil les intriguait de plus en plus. Tout cela est faux mais permet de justifier de faire des papiers sur nous. C'est à se demander même si le sort d'Émile les intéresse », observe-t-il.
L'interview ne parle pas de l'enquête. Les parents prennent la peine de remercier et de rectifier. Remercier, tout d'abord, « tous ceux qui nous soutiennent dans cette terrible épreuve », souligne Colomban, et tous azimuts car « très vite, se souvient Marie, nous avons reçu des soutiens en provenance d'Arménie, du Mexique, du Gabon, du Liban. (…) Tous les cercles, dit-elle, ont répondu : professionnel, amical ; des villageois, des inconnus, sans considération d'origine, d'opinion ou de religion… Une vieille institutrice non croyante, amie de la famille de papa, nous a confié : "Pour Émile, j'ai compris ce que voulait dire la ferveur dans la prière"… C'était bouleversant. »
Bouleversant, c'est le mot juste pour rendre compte de cette interview exceptionnelle – qui recèle des pépites très touchantes. Dans une épreuve inhumaine, l'humanité y fait voir son plus beau visage : « Nous avons vu les cuisiniers d'une colonie de vacances voisine apporter des plats cuisinés et du café pour tous les bénévoles. Beaucoup de voisins adorables, précise Marie, nous ont donné les clés de leur maison pour accueillir notre famille et nos amis. Il y avait vingt-cinq cousins de Colomban sur place pendant les battues. (…) Nous voulons remercier à nouveau tous ceux qui nous ont aidés à les loger et à les nourrir. » Colomban renchérit : « Nous avons même reçu des lettres de la part de gens qui ignoraient notre adresse postale. Sur une enveloppe timbrée, il était seulement indiqué : "À l'attention des parents et grands-parents du petit Émile. Merci au facteur de faire l'impossible pour acheminer ce courrier. " Et le courrier est parvenu ! »
Cet élan d'empathie « est, selon Samuel Pruvot, contradictoire avec l'image de "tradis" vivant en "autarcie" ». Certains médias jouèrent à rebours de l'opinion en critiquant la famille pour ses engagements politiques, alors que « les soutiens viennent de toute la communauté catholique », note Colomban, y compris du cardinal-archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline.
Cette image, il fallait la rectifier. Car, selon Colomban, « il suffit d'ouvrir un article de presse pour trouver plein d'erreurs factuelles ». Citons-en une seule : « Certains prétendent, déplore Marie, que nous allons à la messe plusieurs fois par jour, d'autres que nous sommes allés tranquillement à l'église prier pendant les battues, cela dans le but de nous faire passer pour des illuminés qui comptent uniquement sur la prière en négligeant l'action. »
En l'espèce, le plus frappant est autant la malveillance que l'ignorance. Que des journalistes fantasment sur l'extrême-droite de Dieu, on y est habitué. Qu'ils confondent prière et magie est plus baroque, comme dans Calvi 3D sur BFM. Le cru du 29 août fait penser à la tirade parodique des Inconnus avec leur fameux « Ça ne nous regarde pas ». Si drôle, si navrant. Une journaliste dit à Yves Calvi : « Les parents abordent cette épreuve dans la foi et dans la prière et ça nous on ne peut pas le supporter » (sic).
Pourquoi certains médias en veulent-ils à Marie et Colomban ? Pour une raison simple : très mûrs, très unis et maîtres d'eux-mêmes, les jeunes parents se sont défiés de la presse dès le début, comme si elle n'existait pas, sans même y passer un appel à témoin. Ils ont exercé leur liberté ; cela leur vaut d'être maltraités. Ce pouvoir exige qu'on lui rende hommage, surtout pas qu'on le critique, encore moins qu'on l'ignore. Choisir Famille Chrétienne revenait à le gifler publiquement.