Spiritualité
Miracle au Mexique ?
Pour beaucoup de gens, postuler l’existence de miracles aujourd’hui est synonyme d’obscurantisme ou d’irrationalité. Surtout quand certains chrétiens affirment la réalité de phénomènes irrecevables pour la science matérialiste, telles que les apparitions de la Vierge Marie ou les images religieuses qui « pleurent » des larmes ou de sang. Et pourtant, la généralisation d'images numériques diffusées par internet a révélé que des centaines de tels phénomènes – par ailleurs convergents - ont été observées dans des contextes catholiques et orthodoxes, ce qui mérite une explication.
Parmi ces phénomènes se trouvent des « miracles eucharistiques » tels que l’apparition inexpliquée de sang humain sur une hostie consacrée, cités par certains comme des preuves de la doctrine catholique de la « transubstantiation », le changement du pain et du vin en chair en sang de Jésus lors de l’Eucharistie. Depuis quelques jours, des vidéos circulent au sujet d’événements inhabituels dans une église à Zapotlanejo près de Guadalajara au Mexique, où une hostie exposée devant les fidèles aurait pulsé comme un cœur humain à plusieurs reprises le 23 juillet. Deux vidéos ont été enregistrées spontanément par téléphone portable et passées au prêtre argentin Carlos Spahn qui présidait la cérémonie : selon lui, un médecin a comparé ces mouvements inexpliqués (particulièrement frappants au ralenti – vidéo à 1 :15) aux phases systole-diastole du cycle cardiaque, ressemblance également notée par le cardiologue américain Thomas Lanzilotti. Le P. Spahn a par ailleurs dit que, quelques heures auparavant, il avait béni une photo sous verre du Bienheureux Carlo Acutis qui a commencé à suinter de l’huile. Mort à l’âge de 15 ans en 2006 et béatifié au Vatican en 2020, le jeune italien Carlo Acutis, « geek de Dieu », était connu pour sa diffusion sur internet d’informations sur les miracles eucharistiques acceptés par l'Eglise catholique, concevant une exposition à ce sujet qui a été présentée dans de nombreux pays. Voyant la vidéo de Zapotlanejo et écoutant le témoignage du P. Spahn, Antonia Acutis, mère de Carlo, l’a contacté : tous les deux ont estimé que les événements au Mexique sont inexplicables pour la science.
Si le P. Spahn n’a pas hésité de parler d’un signe divin, il s’est abstenu d’employer le mot « miracle », ne s’estimant pas compétent pour l’utiliser. Quant au Cardinal de Guadalajara, il a appelé à la prudence en soulignant la nécessité d’une enquête approfondie. Attitude compréhensible : au mois de juin, un « miracle » analogue avait été annoncé par des fidèles en Irlande à la vue d’une liquide rouge sur une hostie tombée par terre et mise dans de l’eau, mais la piste retenue pour l’instant est plutôt celle d’une réaction chimique…
On peut se demander comment une enquête rigoureuse pourrait procéder dans un cas comme celui de Zapotlanejo. Elle devrait certainement prendre en compte les témoignages des personnes présentes, mais pour être solide au plan logique, l’enquête aurait besoin de se baser sur des éléments objectifs. Pour tester les paroles du P. Spahn, on devrait par exemple analyser l’huile qui a supposément suinté de la photo de Carlos Acutis. Est-ce qu’il s’agit d’une simple illusion optique ? D’une manipulation délibérée ? Quant aux effets visuels enregistrés par les téléphones, ces vidéos ont-elles été retouchées ultérieurement (idée niée par le P. Spahn) ? Que dire de l’hypothèse – prima facie peu probable, mais possible au niveau logique - d’un trucage à l’aide d’un appareil à l’intérieur de l’ostensoir ou d’un projecteur à l’extérieur ?
Comme l’a dit le P. Spahn, il est possible que l’Eglise ne se prononcera jamais sur le cas de Zapotlanejo, qui soulève néanmoins des questions plus larges dont les implications sont considérables, quelle que soit le verdict de l’investigation mexicaine. A quoi servent de telles enquêtes ? Pourquoi ne pas laisser les gens libres de croire ou non aux miracles sans y mêler la science pour essayer de les prouver ? Le Pape actuel a-t-il eu raison de dire en 2006 au chercheur Ricardo Castañón Gomez en lisant ses conclusions sur un phénomène eucharistique à Buenos Aires qu'il avait la « preuve » que la transubstantiation existe ? La foi religieuse a-t-elle besoin de se justifier par la science pour se distinguer de la superstition ?
Sans vouloir critiquer ceux qui ont la « foi du charbonnier » et qui sont peu intéressés par le fondement logique de leurs croyances, on a droit de demander quelle démarche est la plus rationnelle pour évaluer le postulat de l’existence d’un phénomène ou la vérité d’un dogme religieux qui semble contredire la connaissance scientifique actuelle. Y souscrire (ou non) suivant une véritable enquête menée par des chercheurs indépendants, ou croire à la seule parole des autorités ecclésiales, dont la légitimité resterait à prouver dans un contexte de pluralisme religieux ? Et que dire de la rationalité de l’attitude très courante qui consiste à faire abstraction de tels phénomènes en disant : « circulez, il n’y a rien à voir » ?
Parmi ces phénomènes se trouvent des « miracles eucharistiques » tels que l’apparition inexpliquée de sang humain sur une hostie consacrée, cités par certains comme des preuves de la doctrine catholique de la « transubstantiation », le changement du pain et du vin en chair en sang de Jésus lors de l’Eucharistie. Depuis quelques jours, des vidéos circulent au sujet d’événements inhabituels dans une église à Zapotlanejo près de Guadalajara au Mexique, où une hostie exposée devant les fidèles aurait pulsé comme un cœur humain à plusieurs reprises le 23 juillet. Deux vidéos ont été enregistrées spontanément par téléphone portable et passées au prêtre argentin Carlos Spahn qui présidait la cérémonie : selon lui, un médecin a comparé ces mouvements inexpliqués (particulièrement frappants au ralenti – vidéo à 1 :15) aux phases systole-diastole du cycle cardiaque, ressemblance également notée par le cardiologue américain Thomas Lanzilotti. Le P. Spahn a par ailleurs dit que, quelques heures auparavant, il avait béni une photo sous verre du Bienheureux Carlo Acutis qui a commencé à suinter de l’huile. Mort à l’âge de 15 ans en 2006 et béatifié au Vatican en 2020, le jeune italien Carlo Acutis, « geek de Dieu », était connu pour sa diffusion sur internet d’informations sur les miracles eucharistiques acceptés par l'Eglise catholique, concevant une exposition à ce sujet qui a été présentée dans de nombreux pays. Voyant la vidéo de Zapotlanejo et écoutant le témoignage du P. Spahn, Antonia Acutis, mère de Carlo, l’a contacté : tous les deux ont estimé que les événements au Mexique sont inexplicables pour la science.
Si le P. Spahn n’a pas hésité de parler d’un signe divin, il s’est abstenu d’employer le mot « miracle », ne s’estimant pas compétent pour l’utiliser. Quant au Cardinal de Guadalajara, il a appelé à la prudence en soulignant la nécessité d’une enquête approfondie. Attitude compréhensible : au mois de juin, un « miracle » analogue avait été annoncé par des fidèles en Irlande à la vue d’une liquide rouge sur une hostie tombée par terre et mise dans de l’eau, mais la piste retenue pour l’instant est plutôt celle d’une réaction chimique…
On peut se demander comment une enquête rigoureuse pourrait procéder dans un cas comme celui de Zapotlanejo. Elle devrait certainement prendre en compte les témoignages des personnes présentes, mais pour être solide au plan logique, l’enquête aurait besoin de se baser sur des éléments objectifs. Pour tester les paroles du P. Spahn, on devrait par exemple analyser l’huile qui a supposément suinté de la photo de Carlos Acutis. Est-ce qu’il s’agit d’une simple illusion optique ? D’une manipulation délibérée ? Quant aux effets visuels enregistrés par les téléphones, ces vidéos ont-elles été retouchées ultérieurement (idée niée par le P. Spahn) ? Que dire de l’hypothèse – prima facie peu probable, mais possible au niveau logique - d’un trucage à l’aide d’un appareil à l’intérieur de l’ostensoir ou d’un projecteur à l’extérieur ?
Comme l’a dit le P. Spahn, il est possible que l’Eglise ne se prononcera jamais sur le cas de Zapotlanejo, qui soulève néanmoins des questions plus larges dont les implications sont considérables, quelle que soit le verdict de l’investigation mexicaine. A quoi servent de telles enquêtes ? Pourquoi ne pas laisser les gens libres de croire ou non aux miracles sans y mêler la science pour essayer de les prouver ? Le Pape actuel a-t-il eu raison de dire en 2006 au chercheur Ricardo Castañón Gomez en lisant ses conclusions sur un phénomène eucharistique à Buenos Aires qu'il avait la « preuve » que la transubstantiation existe ? La foi religieuse a-t-elle besoin de se justifier par la science pour se distinguer de la superstition ?
Sans vouloir critiquer ceux qui ont la « foi du charbonnier » et qui sont peu intéressés par le fondement logique de leurs croyances, on a droit de demander quelle démarche est la plus rationnelle pour évaluer le postulat de l’existence d’un phénomène ou la vérité d’un dogme religieux qui semble contredire la connaissance scientifique actuelle. Y souscrire (ou non) suivant une véritable enquête menée par des chercheurs indépendants, ou croire à la seule parole des autorités ecclésiales, dont la légitimité resterait à prouver dans un contexte de pluralisme religieux ? Et que dire de la rationalité de l’attitude très courante qui consiste à faire abstraction de tels phénomènes en disant : « circulez, il n’y a rien à voir » ?