
Un milliard pour Vinicius, le joueur le plus cher de l'histoire
Cette rumeur d'offre pour Vinicius n'a rien de surprenant, tant l'Arabie saoudite a été associée à tous les joueurs majeurs ces dernières années. On se souvient notamment de l'offre colossale faite à Kylian Mbappé lorsqu'il était en conflit avec le PSG et mis à l'écart pour ne pas avoir prolongé. À l'époque, ils avaient proposé 300 millions d'euros au PSG et un salaire astronomique de 700 millions pour une seule saison, soit une offre encore plus démesurée…
Depuis des décennies, le football est un levier de soft power au Moyen-Orient (avec en point d'orgue la coupe du monde au Qatar et celle de 2034 en Arabie saoudite). Dès la fin des années 70, ils tentaient déjà d'attirer des stars, à l'image de Rivelino, qui a joué trois saisons à Al-Hilal.
La fin des années 70 et le début des années 80 ont vu plusieurs projets fous à travers le monde, où des clubs ont tenté d'attirer les plus grands noms du football à coups de millions. Les New York Cosmos aux États-Unis ont bâti une équipe légendaire autour de Pelé, Chinaglia, Beckenbauer et Cruyff (recruté pour seulement 2 matchs). En France, le Matra Racing a tenté de faire de Paris un géant européen.
Mais l'Arabie saoudite joue dans une autre catégorie. Il ne s'agit pas seulement d'un club ambitieux, mais d'un projet d'État. Vision 2030 ne vise pas uniquement à faire de la Saudi Pro League un championnat compétitif, mais à utiliser le sport comme un outil d'influence mondiale.
Un projet qui comprend aussi le Golf avec la création d'une ligue qui vise à concurrencer le circuit PGA Tour (circuit professionnel de golf masculin), la Formule 1 avec la création d'un grand prix, l'équitation, l'e-sport ou encore le projet Trojena, une station de ski futuriste dans le désert, qui accueillera les jeux asiatiques d'hiver en 2029.
Depuis 2023, ils ont investi des milliards pour recruter des joueurs et des entraîneurs de renom. Ils ont convaincu des joueurs encore compétitifs capables de jouer dans les plus grands clubs européens. L'objectif est double : attirer des têtes d'affiche, tout en recrutant de jeunes talents prometteurs pour bâtir un championnat durable.
L'Arabie saoudite ne veut pas seulement être une vitrine du football, elle cherche à s'intégrer durablement au football mondial. Dans cette optique, elle a financé des discussions sur la création d'une Super League européenne, où elle espère placer ses propres clubs.
Un tel projet est dans les tuyaux depuis des années et a même atteint un stade très avancé en 2021, avec plusieurs grands clubs européens qui étaient d'accord. Mais nul doute que ce n'est qu'une question de temps avant qu'une nouvelle tentative voie le jour, et que l'Arabie saoudite trouve un moyen d'y jouer un rôle.
Le modèle saoudien a une particularité : l'État contrôle directement plusieurs clubs via le Fonds d'Investissement Public (PIF) et décide de la répartition des joueurs. Un joueur recruté ne choisit pas toujours son club.
De plus, les plus grandes stars ne viennent pas seulement pour jouer, elles signent aussi des contrats d'ambassadeur, à l'image de Cristiano Ronaldo, dont le contrat inclut une mission de promotion du pays à l'international.
Malgré ces investissements massifs, le championnat peine à convaincre sur le plan sportif et médiatique. Son modèle artificiel freine l'émergence d'une véritable dynamique compétitive, ce qui se traduit sur (malgré les piètres tentatives de CR7 ou Neymar) et en dehors du terrain, avec des audiences faméliques et des stades vides. Il a même été rapporté que des spectateurs étaient parfois payés pour assister aux matchs.
Le problème de compétitivité freine les joueurs. Plusieurs stars ont refusé des offres saoudiennes, comme Paulo Dybala par exemple, qui s'en était expliqué sans concession. D'autres, comme Karim Benzema, ont été attirés pour des raisons religieuses, voyant cela comme une possibilité d'effectuer un retour en terre sainte, tout en continuant d'être grassement payés.
Jusqu'ici, aucun joueur n'a quitté l'Arabie saoudite pour revenir dans un grand club européen. Partir en Saudi Pro League signifie une perte de valeur marchande et une baisse de niveau global.
Au-delà du sportif, l'environnement saoudien représente un frein majeur pour de nombreux joueurs et leurs familles. Les restrictions imposées aux femmes compliquent leur adaptation, tandis que les règles strictes de la charia et le mode de vie local limitent son attrait. De nombreux scandales de mœurs ont déjà impliqué des footballeurs, leurs épouses et leur entourage.
Si un départ de Vinicius Junior serait bien sûr regrettable, il reste remplaçable dans un club comme le Real Madrid. Son profil de joueur spectaculaire n'en fait pas pour autant un élément entièrement indispensable.
L'Arabie saoudite est certes un nouvel acteur, mais même si une Super League devait voir le jour, cela concernerait un ou deux clubs saoudiens au maximum, qui resteraient des curiosités exotiques.
Il y aura toujours des mercenaires, et c'est compréhensible vu les sommes astronomiques en jeu. Pourtant, ce déballage d'argent, exposé sans complexe, génère une admiration mitigée à l'égard d'un pays qui semble vouloir désespérément s'acheter une image aux yeux du monde.