Islam
L'Éducation nationale incite-t-elle les collégiens à faire le ramadan ?
À l’école, il y a les notes que l’on rapporte et celles que l’on envoie. Les premières angoissent le quotidien des élèves, les secondes égayent la vie de l’administration. Sur le site Opinion internationale, Michel Taube fait sensation en publiant une note de l’Académie de Paris sur la « désinscription de la demi-pension pendant la période du ramadan ». On y voit une feuille certes déchirée et anonymisée mais dont le texte court est bien lisible. Il est daté du 6 février. Le voici :
« Madame, Monsieur,
Votre enfant est scolarisé au collège. Il est demi-pensionnaire.
Cette année, la période du jeune du ramadan est prévue du mercredi 22 mars au vendredi 21 avril 2023.
Les familles des élèves souhaitant jeûner peuvent prétendre à une réduction des frais de demi-pension.
Les élèves seront alors considérés comme externe et pourront ne pas rester au collège durant la pause méridienne.
Pour pouvoir bénéficier de cette disposition, votre enfant remettra le coupon ci-dessous dûment complété et signé à son professeur principal avant le vendredi 17 février 2023.
Je vous prie de croire… »
Michel Taube ne dit pas comment ni pourquoi cette note lui est parvenue, et il ne sait pas si toute l’Académie de Paris est visée, voire toute la France. Mais qu’importe. L’éditorialiste juge ce document « scandaleux et probablement illégal ». Taube est connu pour ferrailler dans les media contre un « islam antirépublicain » opposé au principe de laïcité.
Dans une tribune publiée en octobre dans le Journal du Dimanche, il jugeait avec l’avocat Frédéric Thiriez que « la République [avait] besoin de repères simples à formuler et à respecter, tant est grande la confusion des esprits, y compris au sein de la sphère étatique ». Le voilà servi lui qui pointait « l’incertitude juridique (…) affectant la plupart des questions concrètes que pose l’application du principe de laïcité, du port de tenues religieuses à l’école au burkini à la piscine en passant par l’organisation du ramadan dans les entreprises, jusqu’à la lutte contre la radicalisation et le terrorisme ».
Ici, on sort de l’incertitude juridique, le texte ignorant les principes de neutralité – que les usagers du service public sont en droit d’attendre de l’administration – et de laïcité – qui postule que les règles communes prévalent sur les croyances religieuses.
Quels points méritent d’être soulignés quand on lit bien ce texte ? Le premier, c’est que la note ne mentionne qu’un seul culte, sans aucune précaution ni réserve particulière. Le texte ne se réfère même pas à toutes les religions, ni au fait religieux en général, ni au caractère exceptionnel d’une mesure dérogatoire accordée aux pratiquants d’une seule religion.
Deuxième point : la note ne met aucune distance entre l’institution censée être laïque et une pratique religieuse. La rédaction banale étonne sur un sujet si sensible, comme si le ramadan s’inscrivait dans la normalité des usages et que l’administration traitait ce mois de jeûne comme n’importe quel autre motif d’absence.
Troisième point : la note ne se soucie nullement des enfants qui, écrit Michel Taube, « dès l’âge de 10-11 ans, (…) pourront donc aller prier le ventre creux plutôt que d’être entourés par la communauté éducative ». Peu importe que des collégiens puissent ne pas déjeuner du tout. « L’Éducation nationale, écrit-il, abandonne ses élèves en incitant certains d’entre eux à rentrer chez eux à midi. »
Mais ce n’est pas tout. Le plus grave, selon Michel Taube, c'est que la note amène à ficher les pratiquants d’un culte qui, de fait, seront physiquement séparés des autres. Pour ce zélateur d’une laïcité stricte, « il y a là une flagrante discrimination positive et donc une rupture de l’égalité de traitement "en faveur" des familles islamiques pratiquantes ».
Pourquoi est-ce une faveur ? « Ni les autres cultes ni toute autre raison personnelle pour une famille de ne pas faire déjeuner ses enfants tel ou tel jour n’ont droit à une telle mansuétude administrative », s'écrie Michel Taube.
Comme les catholiques qui auraient sans doute aimé ne pas être invisibilisés tout au long du carême et, particulièrement dans la semaine précédant la fête de Pâques.
« Madame, Monsieur,
Votre enfant est scolarisé au collège. Il est demi-pensionnaire.
Cette année, la période du jeune du ramadan est prévue du mercredi 22 mars au vendredi 21 avril 2023.
Les familles des élèves souhaitant jeûner peuvent prétendre à une réduction des frais de demi-pension.
Les élèves seront alors considérés comme externe et pourront ne pas rester au collège durant la pause méridienne.
Pour pouvoir bénéficier de cette disposition, votre enfant remettra le coupon ci-dessous dûment complété et signé à son professeur principal avant le vendredi 17 février 2023.
Je vous prie de croire… »
Michel Taube ne dit pas comment ni pourquoi cette note lui est parvenue, et il ne sait pas si toute l’Académie de Paris est visée, voire toute la France. Mais qu’importe. L’éditorialiste juge ce document « scandaleux et probablement illégal ». Taube est connu pour ferrailler dans les media contre un « islam antirépublicain » opposé au principe de laïcité.
Dans une tribune publiée en octobre dans le Journal du Dimanche, il jugeait avec l’avocat Frédéric Thiriez que « la République [avait] besoin de repères simples à formuler et à respecter, tant est grande la confusion des esprits, y compris au sein de la sphère étatique ». Le voilà servi lui qui pointait « l’incertitude juridique (…) affectant la plupart des questions concrètes que pose l’application du principe de laïcité, du port de tenues religieuses à l’école au burkini à la piscine en passant par l’organisation du ramadan dans les entreprises, jusqu’à la lutte contre la radicalisation et le terrorisme ».
Ici, on sort de l’incertitude juridique, le texte ignorant les principes de neutralité – que les usagers du service public sont en droit d’attendre de l’administration – et de laïcité – qui postule que les règles communes prévalent sur les croyances religieuses.
Quels points méritent d’être soulignés quand on lit bien ce texte ? Le premier, c’est que la note ne mentionne qu’un seul culte, sans aucune précaution ni réserve particulière. Le texte ne se réfère même pas à toutes les religions, ni au fait religieux en général, ni au caractère exceptionnel d’une mesure dérogatoire accordée aux pratiquants d’une seule religion.
Deuxième point : la note ne met aucune distance entre l’institution censée être laïque et une pratique religieuse. La rédaction banale étonne sur un sujet si sensible, comme si le ramadan s’inscrivait dans la normalité des usages et que l’administration traitait ce mois de jeûne comme n’importe quel autre motif d’absence.
Troisième point : la note ne se soucie nullement des enfants qui, écrit Michel Taube, « dès l’âge de 10-11 ans, (…) pourront donc aller prier le ventre creux plutôt que d’être entourés par la communauté éducative ». Peu importe que des collégiens puissent ne pas déjeuner du tout. « L’Éducation nationale, écrit-il, abandonne ses élèves en incitant certains d’entre eux à rentrer chez eux à midi. »
Mais ce n’est pas tout. Le plus grave, selon Michel Taube, c'est que la note amène à ficher les pratiquants d’un culte qui, de fait, seront physiquement séparés des autres. Pour ce zélateur d’une laïcité stricte, « il y a là une flagrante discrimination positive et donc une rupture de l’égalité de traitement "en faveur" des familles islamiques pratiquantes ».
Pourquoi est-ce une faveur ? « Ni les autres cultes ni toute autre raison personnelle pour une famille de ne pas faire déjeuner ses enfants tel ou tel jour n’ont droit à une telle mansuétude administrative », s'écrie Michel Taube.
Comme les catholiques qui auraient sans doute aimé ne pas être invisibilisés tout au long du carême et, particulièrement dans la semaine précédant la fête de Pâques.