
L'écologie pourrait-elle devenir une nouvelle religion planétaire ?
Il faudrait donc passer à une nouvelle étape selon Greenberg et Safina : instaurer (imposer ?) l’écologie comme une nouvelle religion planétaire. Après tout, plaident-ils, les grandes religions sont elles-mêmes intimement connectées à la nature : Noël et le solstice d’hiver, Pâques et l’arrivée du printemps par exemple... Il serait facile de garder un calendrier de fêtes écologiques cohérent avec les grandes religions du monde. Ensuite, les rites ou les sacrements religieux forment un canevas pratique : il s’agirait juste de « réorienter » ces étapes vers la célébration de mère nature. La naissance ? Ce miracle biologique où l’inerte devient vivant… Une communion ? En faire une sortie dans la nature pour enseigner aux jeunes gens comment planter un arbre et répertorier des espèces menacées… Un mariage ? Une occasion parfaite d’enseigner au jeune couple le fardeau que représentent les enfants et les inviter à adopter les « bons comportements ». Un décès ? Oublions toute idée de vie après la mort, il faut célébrer le retour à la Terre pour faire renaître la vie… Il y a encore tant de mystères autour de l’origine de la vie qu’une telle religion ne manquerait pas de merveilleux selon eux. À défaut de transcendance… La religion écologiste aurait besoin d’une bible. Greenberg et Safina proposent de rassembler les textes fondateurs des « prophètes » Darwin, Galilée ou Humboldt.
Serait-ce vraiment une nouvelle religion ou le retour à des croyances primitives ? Les auteurs mettent en avant le progrès qu’une nouvelle époque des « Lumières » pourrait apporter tout comme le 18ème siècle a permis de grandes avancées scientifiques. Ils sont moins diserts quant au retour aux croyances primitives que représenterait un tel mouvement religieux. Certes, nos ancêtres étaient intimement connectés à la nature qui les entourait quand leurs dieux se trouvaient dans les forêts, le soleil, le vent, la mer etc… Mais ces communautés vivaient aussi dans un monde emprisonné par les superstitions. La soumission à ces dieux partout présents a souvent entraîné des coutumes cruelles de sacrifices humains. L’individu ne comptait pas quand il fallait préserver la communauté de la colère divine. Le risque ne serait-il pas encore plus grand dans un monde où les intérêts financiers et les moyens de contrôler la population sont sans comparaison avec les temps antiques ? D’ailleurs, quid du clergé pour une telle religion ? Les deux écologistes mis à l’honneur par le Time n’en disent rien. Des scientifiques devenus encore plus puissants qu’aujourd’hui, possiblement liés par des intérêts à des multinationales mues par la recherche du profit ? Des grandes fortunes et des politiques obsédés par la conservation du pouvoir et trouvant dans l’écologie le moyen de contrôler les masses ? L’article de Greenberg et Safina est provocateur mais il a le mérite de lever le voile sur les velléités cultuelles des écologistes radicaux.