Économie
Le spectaculaire tête-à-queue de l’Allemagne sur le véhicule tout électrique
Coup de tonnerre dans l’Union européenne ! L’Allemagne, le chouchou ou le patron de l’UE, ou les deux à la fois, vient de fracasser l’utopie de la fin du moteur thermique. Dans un grand élan d’enthousiasme écologique, l’UE avait en effet décidé d’interdire la vente des voitures à moteur thermique en 2035 sans en avoir pesé toutes les conséquences. C’était quasiment programmer la mort de l’industrie automobile européenne, Allemagne en tête, au profit de la Chine et des États-Unis qui ont plus d’une longueur d’avance en matière de batteries (l’essentiel d’une voiture électrique), ce qui n’empêche d’ailleurs pas ces deux géants de tenir la tête des pays pollueurs…
Approuvé mi-février par les eurodéputés, un accord entre États membres et négociateurs du Parlement européen prévoyait de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves dans les pays membres de l’UE à partir de 2035. Il devait encore être entériné ce mardi 7 mars par les Vingt-Sept, lors d’une réunion de ministres à Bruxelles, dernière étape avant son entrée en vigueur, sans possibilité de renégocier le contenu.
Mais voilà que l’Allemagne, habituée à n’en faire qu’à sa tête dès que ses intérêts économiques sont en jeu, a décidé de s'abstenir pour ce vote définitif. L’abstention de l'Allemagne s’ajoute à celle de la Bulgarie et aux oppositions déjà anciennes de l’Italie et de la Pologne. Mais alors que le poids de ces trois derniers pays ne suffisait pas pour enrayer la procédure, l’abstention de l’Allemagne empêche l'émergence d'une majorité qualifiée (vote favorable d’au moins 55% des États représentant 65% de la population de l’UE), ce qui bloque le processus législatif. Les ambassadeurs des Vingt-Sept à Bruxelles ont « décidé de reporter la décision (…) à une réunion ultérieure » (autrement dit, sine die) a annoncé un porte-parole de la représentation de la Suède, pays qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE.
C’est le ministre des Finances allemand, Christian Lindner et le ministre des Transports Volker Wissing (tous deux membres du parti libéral FDP) soutenus par la puissante Fédération des constructeurs allemands, qui ont imposé cette volte-face à la coalition au pouvoir, contre l’avis des Verts et du Premier ministre, le social-démocrate (SPD) Olaf Scholz. Notons que la CDU (Union chrétienne démocrate d'Allemagne), le parti dont est issue la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, critiquait également l’abandon des moteurs thermiques. Au sein du FDP, on estime que les attaques menées contre l’industrie automobile ont valu au parti sa sévère défaite aux récentes élections régionales à Berlin. À présent, le FDP entend arracher à la Commission européenne des garanties sur la possibilité d'utiliser des carburants synthétiques (e-fuel), afin de maintenir la production de moteurs à combustion après 2035 (la technologie des carburants de synthèse consiste à produire du fuel à partir de CO2 issu notamment des activités industrielles en utilisant de l’électricité bas carbone). Cette technologie est contestée car elle est très énergivore, mais l’intérêt de l’industrie allemande l’a une fois de plus emporté, relève Marianne (article en lien ci-dessous).
Pour cette fois, c’est sans doute un service rendu au bon sens. Dans une conférence de presse donnée le 17 octobre dernier au Mondial de l'automobile, Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis (groupe issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler) avait critiqué l’UE pour « la décision dogmatique (...) de ne vendre que des électriques en 2035 ». Une utopie aux « conséquences sociales pas gérables », avait-il insisté en demandant qu’on remédie à « cette couche de dogme (…) par une couche de pragmatisme » (cf. LSDJ n°1721). Avant lui, Akio Toyoda, le président de la marque Toyota, championne des véhicules hybrides, avait mis en garde contre une conversion complète aux véhicules électriques : « Avec une telle décision, le modèle économique actuel de l’industrie automobile va s’effondrer » avait-il averti dès décembre 2020 (source : The Wall Street Journal).
Approuvé mi-février par les eurodéputés, un accord entre États membres et négociateurs du Parlement européen prévoyait de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves dans les pays membres de l’UE à partir de 2035. Il devait encore être entériné ce mardi 7 mars par les Vingt-Sept, lors d’une réunion de ministres à Bruxelles, dernière étape avant son entrée en vigueur, sans possibilité de renégocier le contenu.
Mais voilà que l’Allemagne, habituée à n’en faire qu’à sa tête dès que ses intérêts économiques sont en jeu, a décidé de s'abstenir pour ce vote définitif. L’abstention de l'Allemagne s’ajoute à celle de la Bulgarie et aux oppositions déjà anciennes de l’Italie et de la Pologne. Mais alors que le poids de ces trois derniers pays ne suffisait pas pour enrayer la procédure, l’abstention de l’Allemagne empêche l'émergence d'une majorité qualifiée (vote favorable d’au moins 55% des États représentant 65% de la population de l’UE), ce qui bloque le processus législatif. Les ambassadeurs des Vingt-Sept à Bruxelles ont « décidé de reporter la décision (…) à une réunion ultérieure » (autrement dit, sine die) a annoncé un porte-parole de la représentation de la Suède, pays qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE.
C’est le ministre des Finances allemand, Christian Lindner et le ministre des Transports Volker Wissing (tous deux membres du parti libéral FDP) soutenus par la puissante Fédération des constructeurs allemands, qui ont imposé cette volte-face à la coalition au pouvoir, contre l’avis des Verts et du Premier ministre, le social-démocrate (SPD) Olaf Scholz. Notons que la CDU (Union chrétienne démocrate d'Allemagne), le parti dont est issue la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, critiquait également l’abandon des moteurs thermiques. Au sein du FDP, on estime que les attaques menées contre l’industrie automobile ont valu au parti sa sévère défaite aux récentes élections régionales à Berlin. À présent, le FDP entend arracher à la Commission européenne des garanties sur la possibilité d'utiliser des carburants synthétiques (e-fuel), afin de maintenir la production de moteurs à combustion après 2035 (la technologie des carburants de synthèse consiste à produire du fuel à partir de CO2 issu notamment des activités industrielles en utilisant de l’électricité bas carbone). Cette technologie est contestée car elle est très énergivore, mais l’intérêt de l’industrie allemande l’a une fois de plus emporté, relève Marianne (article en lien ci-dessous).
Pour cette fois, c’est sans doute un service rendu au bon sens. Dans une conférence de presse donnée le 17 octobre dernier au Mondial de l'automobile, Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis (groupe issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler) avait critiqué l’UE pour « la décision dogmatique (...) de ne vendre que des électriques en 2035 ». Une utopie aux « conséquences sociales pas gérables », avait-il insisté en demandant qu’on remédie à « cette couche de dogme (…) par une couche de pragmatisme » (cf. LSDJ n°1721). Avant lui, Akio Toyoda, le président de la marque Toyota, championne des véhicules hybrides, avait mis en garde contre une conversion complète aux véhicules électriques : « Avec une telle décision, le modèle économique actuel de l’industrie automobile va s’effondrer » avait-il averti dès décembre 2020 (source : The Wall Street Journal).