International
L’Afrique du Sud est au bord du chaos
Les Sud-Africains n’ont jamais été aussi inquiets pour leur pays, rapporte Brian Pottinger, ancien rédacteur en chef du South African Sunday Times (voir son article en lien ci-dessous publié par Unherd). Pourtant, ils ont vécu stoïquement des décennies de violence, mais il semble qu’une étape ait été franchie… La Province du KwaZulu Natal (côte Est), terre ancestrale du peuple Zulu, a sombré dans l’anarchie. Meurtres, attaques à main armée, pillages… L’insécurité est hors de contrôle alors que denrées alimentaires et carburant manquent et que la police de l’État est absente.
L’étincelle qui a déclenché l’incendie est l’incarcération de l’ancien Président Jacob Zuma, le 29 juin dernier. Il a été condamné à 15 mois de prison pour avoir refusé de répondre aux questions d’une commission anti-corruption, qu’il avait d’ailleurs créée… La fin de l’apartheid, il y a 27 ans, et l’instauration d’un régime démocratique, ont été rendues possibles par une trêve entre plusieurs factions armées rivales. Le pays semble aujourd’hui confronté à sa crise la plus grave.
En 2017, l’élection de Cyril Ramaphosa comme président de l’ANC, le parti au pouvoir, avait été bien accueillie. On a cru à la promesse d’une « nouvelle aube », venant d’un cadre reconnu pour ses qualités de négociateur lors de la délicate transition démocratique. Las, il a bien déçu… Il s’est fait un devoir de déléguer toutes les décisions difficiles et d’éviter toute confrontation. Il n’a rien tenté pour combattre le fléau de la corruption et empêcher la fuite accélérée des cerveaux et des capitaux.
Une fois au pouvoir, l’ANC a fait passer un système d’extorsion massive pour de l’ingénierie sociale. Le « Black Economic Empowerment » a permis à une nouvelle élite de s’enrichir en s’accaparant des richesses privées ou publiques. Ces nouveaux riches se sont affichés sans vergogne dans un luxe indécent. L’ANC, pour asseoir son emprise sur l’État, a mené une politique de « déploiement des cadres » dans la fonction publique et les ministères. Les privilégiés, sélectionnés pour leur loyauté aux factions dominantes du parti, ont démontré leur incompétence. Pire, ils ont toujours cherché à servir la faction de l’ANC qui leur avait offert leurs sièges, plutôt que l’intérêt national… Le Président Ramaphosa refuse de renoncer à ce système et même à le modifier par étapes. Son autre faute politique majeure est de ne pas avoir saisi l’occasion du soutien populaire en 2017 pour mener une politique réformiste, et de s’affranchir de l’influence des pontes de l’ANC. Il est vrai que son élection à la tête de l’ANC a été contestée par ses rivaux qui l’accusent d’avoir acheté les votes nécessaires. Nombre de ses soutiens auraient aussi du mal à justifier leurs ressources dans le cas d’une inspection sérieuse. Difficile donc pour le Président de combattre la corruption avec de tels soutiens… Le grand public demande des comptes. Le rapport de la Commission d’enquête n’a fait que confirmer ce que de nombreux médias ont dénoncé pendant une décennie : les politiques spoliatrices et la corruption pendant la présidence Zuma ont ruiné le pays. Mais la Commission, gangrénée par l’ANC, a refusé de prendre des mesures fortes.
Quelles sont les réformes les plus urgentes ? Arrêter les expropriations et redistributions de terres – sans compensations – qui ont réduit la productivité agricole de 87%. Le système universitaire a été mis à terre par la politique de discrimination positive qui a transformé des institutions jadis de bonne qualité, en centres sociaux pour des jeunes aucunement préparés à poursuivre des études. Les dépenses sociales et le droit du travail très restrictif ont plombé la santé économique du pays. À ces problèmes structurels s’est ajoutée une très mauvaise gestion de l’épidémie. Des confinements en série ont eu un impact majeur sur l’emploi et la pauvreté, particulièrement au KwaZulu-Natal. La conséquence est un taux de chômage des jeunes historiquement haut.
Ramaphosa n’a pas eu le courage de gouverner et c’est sa plus grande faute. Il a permis à ses opposants de s’organiser à l’abri dans leurs fiefs ethniques, le KwaZulu-Natal étant celui de l’ex-Président Zuma. Cette province, sous la coupe de l’ANC, cruellement appelée la « Sicile d’Afrique du Sud », est depuis des années une immense « zone de non-droit ». Même la famille royale Zulu, qui jouissait d’une aura dans les campagnes, est aujourd’hui divisée après la mort du Roi Goodwill Zwelithini. Les instigateurs des désordres actuels feraient partie des forces de sécurité de la province et ils ont fait venir un grand nombre de bandes criminelles pour accomplir leurs basses œuvres.
Les évènements au KwaZulu-Natal mettent le Président Ramaphosa au pied du mur. Aura-t-il le courage de répudier les cadres les plus corrompus de l’ANC et de mettre fin à des politiques qui ont fait la ruine du pays depuis la fin de l’apartheid ? Brian Pottinger en doute, et les médias occidentaux préfèrent détourner leur regard…
L’étincelle qui a déclenché l’incendie est l’incarcération de l’ancien Président Jacob Zuma, le 29 juin dernier. Il a été condamné à 15 mois de prison pour avoir refusé de répondre aux questions d’une commission anti-corruption, qu’il avait d’ailleurs créée… La fin de l’apartheid, il y a 27 ans, et l’instauration d’un régime démocratique, ont été rendues possibles par une trêve entre plusieurs factions armées rivales. Le pays semble aujourd’hui confronté à sa crise la plus grave.
En 2017, l’élection de Cyril Ramaphosa comme président de l’ANC, le parti au pouvoir, avait été bien accueillie. On a cru à la promesse d’une « nouvelle aube », venant d’un cadre reconnu pour ses qualités de négociateur lors de la délicate transition démocratique. Las, il a bien déçu… Il s’est fait un devoir de déléguer toutes les décisions difficiles et d’éviter toute confrontation. Il n’a rien tenté pour combattre le fléau de la corruption et empêcher la fuite accélérée des cerveaux et des capitaux.
Une fois au pouvoir, l’ANC a fait passer un système d’extorsion massive pour de l’ingénierie sociale. Le « Black Economic Empowerment » a permis à une nouvelle élite de s’enrichir en s’accaparant des richesses privées ou publiques. Ces nouveaux riches se sont affichés sans vergogne dans un luxe indécent. L’ANC, pour asseoir son emprise sur l’État, a mené une politique de « déploiement des cadres » dans la fonction publique et les ministères. Les privilégiés, sélectionnés pour leur loyauté aux factions dominantes du parti, ont démontré leur incompétence. Pire, ils ont toujours cherché à servir la faction de l’ANC qui leur avait offert leurs sièges, plutôt que l’intérêt national… Le Président Ramaphosa refuse de renoncer à ce système et même à le modifier par étapes. Son autre faute politique majeure est de ne pas avoir saisi l’occasion du soutien populaire en 2017 pour mener une politique réformiste, et de s’affranchir de l’influence des pontes de l’ANC. Il est vrai que son élection à la tête de l’ANC a été contestée par ses rivaux qui l’accusent d’avoir acheté les votes nécessaires. Nombre de ses soutiens auraient aussi du mal à justifier leurs ressources dans le cas d’une inspection sérieuse. Difficile donc pour le Président de combattre la corruption avec de tels soutiens… Le grand public demande des comptes. Le rapport de la Commission d’enquête n’a fait que confirmer ce que de nombreux médias ont dénoncé pendant une décennie : les politiques spoliatrices et la corruption pendant la présidence Zuma ont ruiné le pays. Mais la Commission, gangrénée par l’ANC, a refusé de prendre des mesures fortes.
Quelles sont les réformes les plus urgentes ? Arrêter les expropriations et redistributions de terres – sans compensations – qui ont réduit la productivité agricole de 87%. Le système universitaire a été mis à terre par la politique de discrimination positive qui a transformé des institutions jadis de bonne qualité, en centres sociaux pour des jeunes aucunement préparés à poursuivre des études. Les dépenses sociales et le droit du travail très restrictif ont plombé la santé économique du pays. À ces problèmes structurels s’est ajoutée une très mauvaise gestion de l’épidémie. Des confinements en série ont eu un impact majeur sur l’emploi et la pauvreté, particulièrement au KwaZulu-Natal. La conséquence est un taux de chômage des jeunes historiquement haut.
Ramaphosa n’a pas eu le courage de gouverner et c’est sa plus grande faute. Il a permis à ses opposants de s’organiser à l’abri dans leurs fiefs ethniques, le KwaZulu-Natal étant celui de l’ex-Président Zuma. Cette province, sous la coupe de l’ANC, cruellement appelée la « Sicile d’Afrique du Sud », est depuis des années une immense « zone de non-droit ». Même la famille royale Zulu, qui jouissait d’une aura dans les campagnes, est aujourd’hui divisée après la mort du Roi Goodwill Zwelithini. Les instigateurs des désordres actuels feraient partie des forces de sécurité de la province et ils ont fait venir un grand nombre de bandes criminelles pour accomplir leurs basses œuvres.
Les évènements au KwaZulu-Natal mettent le Président Ramaphosa au pied du mur. Aura-t-il le courage de répudier les cadres les plus corrompus de l’ANC et de mettre fin à des politiques qui ont fait la ruine du pays depuis la fin de l’apartheid ? Brian Pottinger en doute, et les médias occidentaux préfèrent détourner leur regard…
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