Économie
La Russie surfe sur son or noir !
« Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons donc provoquer l’effondrement de la Russie » avait annoncé Bruno Le Maire, notre ministre de l’Économie, sur France Info, le 1er mars 2022. Par sa voix, relayant celle d’Emmanuel Macron qui exerçait alors la présidence de l'Union européenne, la France réclamait à cor et à cri un strict embargo sur le gaz et le pétrole russes. Sans enthousiasme, les dirigeants des pays membres de l'UE ont fini par se rallier à un embargo sur 90% du pétrole russe d'ici à la fin de l'année. Six mois après la déclaration fracassante de Bruno Le Maire, quelle est la situation ? « La Russie n'a jamais gagné autant d'argent avec ses exportations de pétrole et de gaz » affirme François Lenglet dans son éditorial économique du 31 août sur RTL (vidéo en lien ci-dessous).
Ce jeudi 1er septembre, le russe Gazprom a cessé totalement ses livraisons à la société française Engie (ex GDF Suez, à présent concurrente de EDF dont elle est issue). En cause, un litige de paiement, en lui-même banal (Engie a décidé de ne régler que le gaz livré, moins que ce que prévoyait le contrat) et, selon le gouvernement, sans conséquence grave pour la France qui avait déjà fortement réduit ses approvisionnements en gaz russe. Mais du côté russe, cette décision radicale de fermer le robinet ne prive-t-elle pas le pays d’un argent dont on imagine qu’il aurait grand besoin pour financer la guerre en Ukraine et faire face aux sanctions économiques qu’il subit en retour ?
Que nenni ! Depuis l'invasion de l'Ukraine, la Russie roule ou plutôt surfe sur l’or noir ! « À la fin du mois de juillet, explique François Lenglet en citant le Wall Street Journal, elle a perçu 97 milliards d'euros, soit 40% de plus qu’avant la guerre, pour ses ventes d'hydrocarbures, principalement de pétrole. » Moscou en vendrait en moyenne 7,4 millions de barils par jour, soit 600 000 barils de moins qu’avant la guerre, mais beaucoup, beaucoup plus cher, grâce à la spéculation internationale sur l’énergie que le conflit a déchaînée. Conclusion de François Lenglet : « Les sanctions, que nous payons cher avec l'inflation, n'ont servi qu'à remplir les coffres de Poutine à des niveaux impensables. »
Cet argent provient en majeure partie des pays européens, pourtant alliés de l’Ukraine et engagés contre la Russie via l’OTAN dominée par les États-Unis. François Lenglet retient l’estimation de plus de 86 milliards versés par les pays européens à la Russie, l’Allemagne en tête, depuis le 24 février, date de l'invasion de l’Ukraine, soit…3 700 euros par seconde ! Mais l’Europe n’est pas le seul client des Russes : la Chine et la Turquie sont restées de grosses importatrices de pétrole russe ; elles ont été rejointes par l’Inde qui en reçoit depuis le début de la guerre un million de barils par jour… Que fait-elle de ce pétrole ? L’Inde le revend… notamment à l’Europe, et au prix fort du marché ! L’aubaine n’a pas non plus échappé à l’Arabie Saoudite qui fait son miel, si l’on ose dire, avec un mélange de pétroles russe et iranien ! Il est clair que ces pays n’ont rien à faire de l’embargo décrété par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Le micmac international d’hydrocarbures n’est donc pas près de s’interrompre. D’autant qu’il se déroule sous l’œil impassible de l’Oncle Sam : « L'Amérique observe sans intervenir, redoutant de voir les prix de l'énergie flamber si le monde était vraiment privé de pétrole russe » conclut François Lenglet. Qu’en pense notre ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ? Sommes-nous vraiment en passe de mettre l’économie russe « à genoux » ?
Ce jeudi 1er septembre, le russe Gazprom a cessé totalement ses livraisons à la société française Engie (ex GDF Suez, à présent concurrente de EDF dont elle est issue). En cause, un litige de paiement, en lui-même banal (Engie a décidé de ne régler que le gaz livré, moins que ce que prévoyait le contrat) et, selon le gouvernement, sans conséquence grave pour la France qui avait déjà fortement réduit ses approvisionnements en gaz russe. Mais du côté russe, cette décision radicale de fermer le robinet ne prive-t-elle pas le pays d’un argent dont on imagine qu’il aurait grand besoin pour financer la guerre en Ukraine et faire face aux sanctions économiques qu’il subit en retour ?
Que nenni ! Depuis l'invasion de l'Ukraine, la Russie roule ou plutôt surfe sur l’or noir ! « À la fin du mois de juillet, explique François Lenglet en citant le Wall Street Journal, elle a perçu 97 milliards d'euros, soit 40% de plus qu’avant la guerre, pour ses ventes d'hydrocarbures, principalement de pétrole. » Moscou en vendrait en moyenne 7,4 millions de barils par jour, soit 600 000 barils de moins qu’avant la guerre, mais beaucoup, beaucoup plus cher, grâce à la spéculation internationale sur l’énergie que le conflit a déchaînée. Conclusion de François Lenglet : « Les sanctions, que nous payons cher avec l'inflation, n'ont servi qu'à remplir les coffres de Poutine à des niveaux impensables. »
Cet argent provient en majeure partie des pays européens, pourtant alliés de l’Ukraine et engagés contre la Russie via l’OTAN dominée par les États-Unis. François Lenglet retient l’estimation de plus de 86 milliards versés par les pays européens à la Russie, l’Allemagne en tête, depuis le 24 février, date de l'invasion de l’Ukraine, soit…3 700 euros par seconde ! Mais l’Europe n’est pas le seul client des Russes : la Chine et la Turquie sont restées de grosses importatrices de pétrole russe ; elles ont été rejointes par l’Inde qui en reçoit depuis le début de la guerre un million de barils par jour… Que fait-elle de ce pétrole ? L’Inde le revend… notamment à l’Europe, et au prix fort du marché ! L’aubaine n’a pas non plus échappé à l’Arabie Saoudite qui fait son miel, si l’on ose dire, avec un mélange de pétroles russe et iranien ! Il est clair que ces pays n’ont rien à faire de l’embargo décrété par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Le micmac international d’hydrocarbures n’est donc pas près de s’interrompre. D’autant qu’il se déroule sous l’œil impassible de l’Oncle Sam : « L'Amérique observe sans intervenir, redoutant de voir les prix de l'énergie flamber si le monde était vraiment privé de pétrole russe » conclut François Lenglet. Qu’en pense notre ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ? Sommes-nous vraiment en passe de mettre l’économie russe « à genoux » ?