Italie : la victoire électorale des droites unies fait tousser l’Union européenne
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Italie : la victoire électorale des droites unies fait tousser l’Union européenne

Par Philippe Oswald. Synthèse n°1702, Publiée le 27/09/2022
Le succès annoncé (cf. LSDJ n°1662) de la coalition des droites en Italie s’est réalisé dimanche dernier, 25 septembre. Avec 44 % des voix, la coalition s’assure une large majorité dans les deux assemblées : 237 députés sur 400, et 112 sénateurs sur 206. C’est surtout la victoire d’une femme, Giorgia Meloni (45 ans) dont le jeune parti, Fratelli d’Italia, a multiplié par cinq le nombre de ses électeurs en quatre ans. Avec 7,3 millions de votes (1,4 million en 2018), représentant 26,4 % des suffrages exprimés, Fratelli d’Italia a recueilli trois fois plus de voix que chacun de ses alliés, la Ligue de Matteo Salvini (8,9 % des suffrages) et Forza Italia de Sylvio Berlusconi (8,3 %), et autant que la coalition de gauche réunie autour du Parti démocrate (lequel subit un échec cinglant avec seulement 19 % des suffrages). Ombre au tableau pour les nationalistes/conservateurs italiens : un taux de participation de 64,07 %, contre 73,86 %, lors des législatives de 2018.

Giorgia Meloni est donc appelée à devenir la première femme à occuper le poste de Président du Conseil dans ce pays co-fondateur de l’Europe. Curieusement, les féministes n’ont pas manifesté leur fierté, et les instances européennes, déjà échaudées par les élections en Suède (cf. LSDJ n°1692), ne débordent pas d’enthousiasme. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Layen, avait même lancé un avertissement à peine voilé aux électeurs italiens, trois jours avant le scrutin, depuis les Etats-Unis et devant un drapeau américain ! Répondant aux questions des étudiants de l’université de Princeton, le 22 septembre, Ursula Von der Layen avait déclaré : « Si les choses tournent mal, nous avons les outils ». Des outils pour quoi ? Pour apprendre aux peuples à bien voter ? La présidente de la Commission a eu beau expliquer ensuite qu’elle visait la Pologne et la Hongrie, deux États membres de l’UE qui pourraient être privés de certains fonds européens pour atteintes à « l’état de droit », les électeurs italiens ne l’ont pas entendue de cette oreille. « C'est quoi, une menace ? Arrogance honteuse. Respectez le vote, libre, démocratique et souverain du peuple italien ! », a tweeté Matteo Salvini, le chef de la Ligue. Si Ursula Von der Layen avait voulu donner un coup de pouce à la droite italienne à quelques heures des élections, tout en ravivant l’hostilité des Polonais et des Hongrois, elle ne s’y serait pas prise autrement…

On ne saurait en tout cas accuser « la Meloni », comme on dit dans la Péninsule, d’avoir caché son jeu. La franchise et la cohérence de ses prises de position — une rareté en politique ! — sont la clé de sa popularité. « Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne et vous ne me l'enlèverez pas ! » avait-elle lancé dans un meeting à Rome en 2019. Elle se présente sans complexe en défenseur de la civilisation chrétienne, de la famille traditionnelle, en ardente partisane d’une politique nataliste dans un pays immergé dans l’hiver démographique, hostile à l’immigration incontrôlée, à l’islamisation, à la promotion de l’avortement, à la légalisation de la gestation pour autrui et de l'euthanasie, à la théorie du genre, à la propagande LGBT, au « wokisme » et aux complaisances européennes pour une société « liquide », ouverte à tout vent. Des thèmes franchement identitaires et conservateurs, mais dont on ne voit pas ce qu’ils auraient de « fasciste » ou de « post-fasciste », comme le répètent en boucle les médias français avec l’AFP (en Italie, les médias parlent de la victoire du « centre-droit »). Pour la défense de ces causes au sein de l’UE, cette politicienne chevronnée (conseillère municipale à Rome à 21 ans, députée et vice-présidente de la Chambre puis ministre de la Jeunesse à 31 ans, enfin fondatrice en 2012 du parti Fratelli d'Italia) pourra compter sur l’appui des gouvernements polonais, hongrois et, s’agissant du moins de l’immigration et de l’islamisation, du gouvernement suédois. Atlantiste et soutien de l’Ukraine, elle n’a pas eu les complaisances pour Poutine de Salvini et de Berlusconi. Dans un pragmatisme à l’italienne impensable en France, elle n’hésite pas à consulter Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne puis président du Conseil italien, ce qui rassure les milieux d’affaires. Elle a inclus le maintien de l’euro dans le programme de la coalition, sachant que l’Italie, premier pays bénéficiaire du plan de relance européen, doit encore toucher l’intégralité des 68,9 milliards d’euros de subventions et 122,6 milliards de prêts promis par l’UE. Reste à savoir combien de temps elle pourra se maintenir au pouvoir avec des alliés peu fiables, dans un pays réputé pour son instabilité institutionnelle.

Nombre de Français envient l’union des droites réalisée en Italie. Mais sur Europe 1 (en lien ci-dessous), Vincent Trémolet de Villers, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, douche leurs espoirs : la France n’est pas l’Italie !

Photo : Wikimedia Commons
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En France, l’impossible union des droites
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