États-Unis: le Russiagate est un Watergate qui tombe à l'eau
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États-Unis: le Russiagate est un Watergate qui tombe à l'eau

Par Ludovic Lavaucelle. Synthèse n°1434, Publiée le 16/11/2021
L’affaire qui a empoisonné les trois premières années du mandat de Donald Trump pourrait se retourner contre ceux qui l’ont promue. Dès le mois de septembre 2016, l’équipe de campagne de Trump était accusée par son adversaire démocrate de collusion avec le Kremlin. Pire, on prétendait que les services secrets russes détenaient une « sextape » datant d’un séjour de Donald Trump à Moscou en 2013 impliquant des prostituées. L’accusation était grave : la Russie avait les moyens de faire chanter le Président élu en novembre 2017 et remettait en question sa légitimité, avant même son investiture fin janvier 2017. Des fuites dans les médias révélaient que le FBI investiguait et, dès juin 2017, le procureur spécial Robert Mueller lançait une enquête contre Trump pour entrave à la justice. Son rapport final fut rendu en mars 2019 et concluait à l’absence de preuve de collusion entre l’équipe de campagne républicaine et la Russie. Mais le mal était fait…

Le procureur spécial indépendant John Durham, chargé d’enquêter sur la genèse de l’affaire, vient d’ordonner la mise en examen d’Igor Danchenko. Cet analyste russe, résidant aux États-Unis et travaillant pour le Brookings Institution (un centre de recherches proche du Parti Démocrate), était le principal informateur qui aida à forger le « dossier Steele ». Pourquoi « Steele » ? C’est le nom d’un ex-espion du MI6 britannique qui, reconverti dans le renseignement privé, a construit le dossier – en lien avec un avocat travaillant pour l’équipe de campagne démocrate. Ce dernier, Michael Sussmann, a été mis en examen par le procureur Durham peu avant Danchenko.

Sussmann et Danchenko sont accusés d’avoir menti au FBI. Ils n’auraient pas révélé toutes les informations de nature à discréditer les allégations mêlant Donald Trump à une conspiration organisée par Moscou pour accéder au pouvoir. Entre les lignes de ces mises en examen, on comprend que John Durham soupçonne que l’équipe de campagne d’Hillary Clinton aurait été impliquée dans le montage du dossier et sa soumission au FBI, pour ensuite organiser les fuites dans les médias et provoquer une enquête officielle.

Danchenko est accusé d’avoir caché des informations lors des investigations du FBI en 2017 sur deux points majeurs. Il n’a pas révélé ses liens avec Charles Dolan Jr, un cadre du Parti Démocrate. Le curriculum de ce dernier indique qu’il a aussi représenté les intérêts de Gazprom, le géant de l’énergie russe… On sait que Dolan a communiqué à Danchenko des rumeurs concernant Trump et son équipe de campagne qui ont directement alimenté le « dossier Steele ». L’analyste a aussi inventé une histoire selon laquelle il aurait reçu des informations d’un directeur de la chambre de commerce russo-américaine. L’ex-espion Steele a été missionné par la société Fusion GPS, elle-même payée par le cabinet Perkins Coie (qui représentait l’équipe de campagne Clinton en 2016 et auquel appartenait Michael Sussman). Celui-ci a rencontré un haut-gradé du FBI pour dénoncer un lien secret entre l’équipe de Trump et une banque russe – en omettant de préciser sa mission auprès du Parti Démocrate mais en se présentant comme le porte-voix d’un lanceur d’alerte…

Le tort causé par le « dossier Steele » a été immense parce qu’il était rendu crédible par l’enquête menée par le FBI. À cause de fuites dans les médias, le FBI s’était même senti obligé d’en informer le Président Obama et le Président-élu Trump pendant la période de transition du pouvoir en janvier 2017. À partir du moment où le FBI prenait l’affaire au sérieux, les grands médias se sont emballés, avant même que Donald Trump soit intronisé. Comme le dit Eli Lake, journaliste chez Bloomberg, interrogé par Fox News (voir la vidéo en lien) : « Le nouveau Président est arrivé à la Maison Blanche dans un climat de Watergate. »

Ces mises en examen pourraient avoir de lourdes conséquences, en premier lieu pour les dirigeants du FBI de l’époque. Ils ont pris au sérieux le « dossier Steele » qui était un montage grossier et ils s’en sont servis pour surveiller Carter Page, un ancien conseiller de campagne de Trump. Enfin, quand ils ont compris en 2017 que le « dossier Steele » n’était pas crédible, ils n’en ont rien dit, laissant la surveillance en place.

L’affaire est grave : l’équipe de campagne de Clinton aurait financé des enquêtes alimentées principalement par des cadres ou des soutiens du parti démocrate. Le dossier a été présenté au FBI qui s’en est servi pour surveiller un conseiller du candidat de l’opposition d’alors, Donald Trump. L’impact a été tel qu’une part importante de l’opinion publique et des médias reste persuadée que l’élection de Donald Trump est le résultat d’une machination sous l’œil de Moscou… Danchenko plaide « non-coupable ». L’ex-espion Steele soutient toujours que son dossier était solide malgré ce qu’a révélé l’enquête du procureur Durham. Il n’y a eu aucun commentaire de la hiérarchie du Parti Démocrate à ce jour. Mais d’autres mises en examen devraient suivre…
La sélection
États-Unis: le Russiagate est un Watergate qui tombe à l'eau
Dem's Russia-ruse exposed : the Durham indictments explained
Fox News
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