Société

Des émeutes ? Non : une insurrection !

Par Philippe Oswald. Synthèse n°1940, Publiée le 30/06/2023 - Photo : Paris, 30 juin 2023. Troisième nuit d'émeutes suite à la mort de Nahel. Des CRS à Châtelet-les-Halles où des jeunes ont vandalisé et pillé des commerces. ©Gauthier Bedrignans / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP.

Les émeutes de Nanterre ont mis le feu à la France. Un scénario devenu presque banal : une bavure policière, un jeune homme de 17 ans multirécidiviste tué à bout portant au cours d’un refus d’obtempérer au volant d’un bolide à Nanterre. Cette cité s’enflamme... et l’incendie se propage comme une traînée de poudre aux « banlieues » et à une vingtaine de villes, grandes, moyennes et petites, dans toute la France et jusqu’à Bruxelles... Voitures, bus, trams incendiés, mobilier urbain vandalisé, commerces pillés, mairies et commissariats attaqués, et même les portes de la prison de Fresnes sont touchées !

Les premières réactions des autorités n’étaient pas de nature à étouffer les flammes : dès le matin du 28 juin, à Marseille, le président de la République a qualifié le tir du policier d’acte « inexplicable » et « inexcusable ». Quelques heures plus tard, à l’Assemblée nationale, la première ministre, Élisabeth Borne, a estimé que « les images choquantes » diffusées sur les réseaux sociaux montraient une intervention de police « qui n'est manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre ». Autant dire que la cause semblait entendue sans autre forme de procès, a déploré Élisabeth Lévy, la directrice de Causeur, au micro de Sud-Radio. En plus de ces déclarations du chef de l’État et de la première ministre, l’Assemblée nationale s’est levée et a observé une minute de silence pour rendre hommage à la victime, ce qui a indigné Elisabeth Lévy : « Nahel c’est très triste, mais il n’est pas mort pour la France, il n’est pas mort en héros... C'est totalement démago. Et pourquoi ? Pour calmer le jeu ! [...] La lâcheté n’est pas une politique. » Ou si c’en est une, la poursuite des émeutes a montré qu’elle n’était pas payante.

Après une première nuit chaotique, Emmanuel Macron a changé de registre pour dénoncer « des scènes de violences injustifiables ». Après une deuxième nuit explosive, le président de la République a convoqué une cellule interministérielle de crise le jeudi 29 juin, suivie d’une autre, le 30 juin, après une troisième nuit de déchaînements. Le président a dénoncé « une instrumentalisation inacceptable de la mort d'un adolescent » et annoncé que « des moyens supplémentaires » allaient être déployés par le ministre de l'Intérieur. Malgré le déploiement de 40 000 policiers et gendarmes, mais aussi d'unités du Raid et de la BRI, la nuit du 29 au 30 juin a de nouveau été marquée par de très nombreuses violences dans la plupart des villes de France. Au total, dans la nuit de jeudi à vendredi, 875 personnes ont été interpellées en France, dont 408 à Paris et sa proche banlieue, selon le ministère de l'Intérieur. Bilan à compléter par les chiffres donnés par le président de la République lui-même : 492 bâtiments dégradés, 2 000 véhicules brûlés et 3 880 incendies allumés sur la voie publique dans toute la France, pour la seule nuit du 29 au 30 juin.

Pour expliquer ces émeutes, on entend parler à nouveau de « relégation sociale » dans des « banlieues abandonnées ». Vincent Trémolet de Villers ne croit pas à la pertinence de cette explication. Dans son éditorial d’Europe 1 (30 juin, en lien ci-dessous), il la juge « doublement fausse » :

- D’une part, explique-t-il, beaucoup d’émeutiers exploitent ce drame pour déchaîner une violence qu’ils pratiquent rituellement le Jour de l’An, le 14 juillet ou après un match de foot... « Ce sont des émeutiers d’opportunité qui dès qu’ils le peuvent agressent les policiers, les pompiers, les journalistes ».

D’autre part, il ne s’agit pas de jeunes « abandonnés » dans ces quartiers où ont été englouties des dizaines de milliards pour construire écoles, bibliothèques, salles de sport, murs d’escalade, et autres bâtiments périodiquement vandalisés, dont les habitants des campagnes ne verront jamais l’ombre. « La vérité, c’est que cette jeunesse n’est pas abandonnée, elle est déshéritée ». Quelle différence ? « C’est celle entre la matière et l’esprit : ces jeunes sont déshérités parce qu’ils ont été privés de notre héritage immatériel, héritage que nous avons nous-mêmes bradé. [...] Ils ont été privés des deux piliers de la civilisation : l’école et l’autorité ». Celle-ci a été récupérée par des islamistes et/ou par des trafiquants de drogue dont on soupçonne qu’ils sont à la manœuvre dans ces « quartiers » pour y reprendre leur business en anticipant une nouvelle défaite de l’État. D’où l’enjeu crucial d’une réponse dont la fermeté ne soit plus seulement verbale mais pénale, en attendant une refonte de fond en comble de notre système judiciaire et une réforme drastique de notre politique migratoire. À Nanterre, lors de la curieuse « marche blanche » où il s’agissait de « venger » la mémoire de Nahel, ce n’est pas un drapeau français mais bel et bien un drapeau algérien qui flottait au-dessus du cortège. Comment ne pas voir que toutes ces émeutes participent à une insurrection ethnique, religieuse, civilisationnelle appelée à connaître d’autres manifestations ?

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Robert
Le 01/07/2023 à 08:52
Causeur, Europe, des médias de "droite dure" ou "d'extrême droite" ? Vraiment ? Et donc France Inter, Libération c'est quoi ? Des médias communistes totalitaires selon la définition d'Hannah Arendt ?
Le 01/07/2023 à 11:58
Chouette, j'ai trouvé comment réagir à un article. Et le premier commentaire que je lis, c'est celui de la personne qui dit que Philippe Oswald tient des propos d'Extrême Droite (ED) mais comme le dit Robert, il n'y a pas d'ED en France. Et de même, le RN , parti qualifié d'ED, a une politique économique de gauche, voire très à gauche. C'est quoi l'ED ? Entre autres, des individus qui veulent tuer d'autres personnes en raison de leur religion, leur origines... Avons-nous cela en France ? Pas que je sache. Par contre, des partis politiques français en admiration devant des monstres sanguinaires qui ont tué ou affamé leur propre population comme les dictateurs soviétiques, ceux de Chine ou celui du Vénézuela, et bien il y a des parties de gauche et leurs représentants comme Mélenchon. Et là, personne ne réagit. Pour en revenir à ces insurrections, mais comment peut-on laisser dériver les choses ainsi ???!!! Quand est-ce que notre gouvernement va enfin réagir ? Pourquoi ne prenons-nous pas des mesures et des sanctions plus sévères contre ces sauvages qui détruisent les biens privés et publics ? A force de lâcheté, ils mettent davantage notre pays à genou. Notre économie est dans un état catastrophique, le tourisme est une de nos meilleures ressources mais que vont faire les touristes étrangers au vu de ces émeutes ? Il ne faut pas être un grand devin pour penser qu'ils vont rapidement changer de destination.
Le 01/07/2023 à 18:19
Madame, Monsieur, Ce qui se passe ces jours-ci est la conséquence de plusieurs facteurs historiques: tout d'abord un capitalisme sauvage qui, au nom du profit, a fait venir en France depuis plus de 50 ans des immigrés fournissant une main-d'oeuvre bon marché pour faire de plus grands bénéfices, main-d'oeuvre logée dans des barres d'immeubles inhumaines à bas prix qui ont empêché toute mixité sociale et toute intégration réelle dans notre pays; ensuite un effondrement de la notion de morale basée sur des valeurs spirituelles léguées par la bible (ne pas oublier que les 10 commandements sont la base de toute vie en société) morale qui a été remplacée par le slogan "interdit d'interdire" de mai 68, slogan qui voit son apogée aujourd'hui avec le règne du "J'ai envie donc, j'ai le droit" et qui ouvre la porte à toutes les dérives sociétales progressistes dont la LGBTQI, entre autres, est un parfait exemple de "monde à l'envers". Tout ceci relayé par l'éducation nationale où les "pédagogues" ont gommé la notion d'effort et de mérite au profit de théories fumeuses égalitaristes. Aujourd'hui, le marxisme et le capitalisme sans limite se rejoignent dans un même combat prôné par Lénine (voir le livre" Le Trêtre" de Vladimir Volkoff): "Pour abattre un pays, il faut d'abord démolir la famille, puis sa langue, ensuite son histoire passée puis sa religion, et alors vous en ferez ce vous voudrez". C'est ce qui nous arrive depuis des dizaines d'années avec des réformes voulues par la gauche comme par la droite molle. Aujourd'hui en France, 51% des gens disent ne croire à rien en matière de religion, on prône la destruction de la famille "père-mère", on promeut la théorie du genre, on veut imposer l'écriture inclusive, on salit l'image de l'histoire de France pour mieux nous culpabiliser, la doctrine sociale de l'Eglise permettant à chacun de vivre correctement est ignorée. Bref la notion de bien et de mal n'existe plus pour beaucoup, cela s'appelle la décadence et non pas la décivilisation, mot inventé par Macron pour masquer son échec. Et dans tout ça le mot "Fraternité" de notre République a disparu, remplacé par "Égoïsme" à tous les étages . Rien ne sera possible sans un retour profond au respect de la dignité de chacun dans tous les domaines. Bien cordialement. Pascal MICHEL
Le 01/07/2023 à 21:12
Tout à fait d'accord avec vous sauf :" une bavure policière". Alors que l'enquête n'est pas terminée, vous portez déjà un jugement comme l'a fait l'exécutif, mais pour lui, le garant de la séparation des pouvoirs, c'est plus grave.
8 commentaires
Le 06/07/2023 à 12:28
bonjour . je souhaite recevoir la newsletter
Jeff
Le 01/07/2023 à 09:57
Serait-il possible d'être armé avant que les musulmans viennent nous égorger dans nos campagnes ?
Robert
Le 01/07/2023 à 08:32
Le commentaire ci-dessus est bien sûr politiquement de gauche à partir du moment où il qualifie de "droite dure" et "d'extrême droite" le discours et l'article. Où avez-vous vu qu'il existe une "extrême droite" en France?? Le RN est de gauche avec une politique sociale et économique identique à celle de LFI. Et ne parlons pas des dépouilles de LR et autres centristes tous socialistes dans l'âme. Vouloir systématiquement réduire le débat à un positionnement politique ou moraliste n'a jamais abouti au début d'une quelconque avancée ou solution pour le pays. Quant à évoquer le problème de l'immigration, vous en faites avec à priori un marqueur "d'extrême droite". Mais les faits sont têtus et je trouve l'article tout à fait significatif et efficace.
Robert
Le 01/07/2023 à 08:31
Le commentaire ci-dessus est bien sûr politiquement de gauche à partir du moment où il qualifie de "droite dure" et "d'extrême droite" le discours et l'article. Où avez-vous vu qu'il existe une "extrême droite" en France?? Le RN est de gauche avec une politique sociale et économique identique à celle de LFI. Et ne parlons pas des dépouilles de LR et autres centristes tous socialistes dans l'âme. Vouloir systématiquement réduire le débat à un positionnement politique ou moraliste n'a jamais abouti au début d'une quelconque avancée ou solution pour le pays. Quant à évoquer le problème de l'immigration, vous en faites avec à priori un marqueur "d'extrême droite". Mais les faits sont têtus et je trouve l'article tout à fait significatif et efficace.
Le 30/06/2023 à 23:58
Bonjour, Enfin la possibilité de commenter! Bienque nombreux de vos articles répondent à mes convictions, vous faites trop souvent référence à des auteurs et médias de droite dure, voire d'extrême-droite: Causeur, Europe1, etc. (je précise que je n'ai aucun penchant politique, étant tout simplement "humaniste", universaliste (comme l'entend la Déclaration des Droits de l'Homme), antiraciste, etc. Pour cet article ci-dessus sur les récentes émeutes, si je souscrit au "D'une part" de Vincent Trémolet de Villers, je sens bien le discours d'extrême-droite dans son plus long alinéa "D'autre part" sur l'immigration. Je suis désolé de l'orientation, qui m'apparaît maintenant, de votre journal LSDJ, bien loin d'être "indépendant" politiquement! Cordialement Docalbe
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