Écologie
Des semences open source pour libérer l’agriculture
Que serait l’agriculture sans semences ? Or il en est des semences comme des vaccins et de la high tech : une poignée de grandes compagnies contrôlent le marché. Ainsi, début 2014, un rapport parlementaire européen estimait que 95 % des semences maraîchères étaient contrôlées par seulement cinq multinationales : l’américaine Corteva (DuPont), la française Limagrain, l’allemande Bayer (qui possède maintenant l’ex-Monsanto) et la désormais chinoise Syngenta (ChemChina). Leur force : mettre le monde agricole en état de dépendance en brevetant le vivant. En effet, de nos jours, on le sait peu, mais la plupart des céréales sont protégées voire brevetées. Pas question de les réutiliser ni de les revendre. Au fil des décennies, ces multinationales sont même parvenues à rendre bien souvent illégal l’échange de semences entre agriculteurs, au nom de la protection réglementaire de la propriété sur les brevets. Résultat : ces quelques géants possèdent un quasi monopole sur des cultures comme le maïs et le soja. Quant aux agriculteurs, ils ne sont plus propriétaires des semences qu’ils sèment dans leurs champs, ils ne font que les louer.
Mais les temps changent et le vent tourne dans les champs. Les initiatives de graines open source prennent de l’ampleur à travers le monde, tant pour desserrer l’emprise de ces magnats de la semence que pour ramener de la biodiversité dans l'agriculture. Ainsi, outre-Atlantique, en 2012, une poignée d’experts agricoles a décidé de lancer l’Open Source Seed Initiative (OSSI), dirigée par Carol Deppe, une généticienne formée à Harvard et agricultrice dans l'Oregon. Son but : proposer des semences libres de droit, open source, comme on dit en informatique, œuvrer à « la libre circulation et l'échange des ressources génétiques, de la sélection végétale et du développement variétal ». Ceux qui les achètent s’engagent à ne pas restreindre l'utilisation par d'autres de ces graines ou de leurs dérivés par des brevets. Une cinquantaine de sélectionneurs de semences proposent près de 500 variétés de semences libres de droits. Une même initiative, baptisée GOSSI, existe également à l’international, dans des pays tels que l’Inde, la Thaïlande ou l'Argentine. En Europe, l’initiative Open Source Seeds (OSS) se développe dans un contexte différent : celui des lois européennes relatives à la protection des semences. Une licence open source est imprimée sur chaque paquet de semences OSS en Europe. Quiconque en acquiert un s'engage à ne jamais breveter ces semences ou leur future reproduction. En France, depuis juin 2020, la loi sur la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires autorise par ailleurs la vente de semences paysannes aux jardiniers amateurs comme aux collectivités publiques. Est ainsi permise la vente des « semences traditionnelles ou nouvellement élaborées, relevant du domaine public, plus rares et garantes de la biodiversité. » Cette loi concerne toutes les variétés du domaine public dont les semences sont vendues aux amateurs.
Qu’entend-on par semences traditionnelles ou paysannes ? Celles qu’un agriculteur va directement prélever dans sa récolte afin de les replanter. Environ 90 % des variétés agricoles traditionnelles n’étant plus cultivées, les semences open source préservent à la fois la biodiversité et l’indépendance des agriculteurs, professionnels ou en herbe. Face aux enjeux tant de souveraineté alimentaire que de réchauffement climatique, la SEMAE, l’interprofession des semences et plants, travaille quant à elle à proposer des semences correspondant aux attentes en matière de protection de la biodiversité et répondant à la demande du grand public d’avoir de moins en moins de chimie. Les initiatives en la matière se multiplient, comme dans le Grand Lyon, où un réseau de fermes semencières est en cours de création. Son rôle : sélectionner en France et à l’étranger des semences de variétés anciennes, adaptées au réchauffement climatique ou d’une meilleure qualité nutritionnelle et gustative. Ces semences seront mises gratuitement à la disposition des agriculteurs locaux. En Franche-Comté, un réseau de fermes a donné naissance au collectif de La Semencerie : ces agriculteurs produisent eux-mêmes leurs semences, puis récupèrent les graines de leurs légumes pour les semer ou les revendre à la saison suivante à des jardiniers amateurs. En effet, la loi française interdit la commercialisation auprès des professionnels de semences non-inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés des plantes cultivées. De son côté, le Réseau Semences Paysannes, né en 2003, regroupe désormais une quinzaine de collectifs semenciers et près de 70 agriculteurs à travers la France.
Mais les temps changent et le vent tourne dans les champs. Les initiatives de graines open source prennent de l’ampleur à travers le monde, tant pour desserrer l’emprise de ces magnats de la semence que pour ramener de la biodiversité dans l'agriculture. Ainsi, outre-Atlantique, en 2012, une poignée d’experts agricoles a décidé de lancer l’Open Source Seed Initiative (OSSI), dirigée par Carol Deppe, une généticienne formée à Harvard et agricultrice dans l'Oregon. Son but : proposer des semences libres de droit, open source, comme on dit en informatique, œuvrer à « la libre circulation et l'échange des ressources génétiques, de la sélection végétale et du développement variétal ». Ceux qui les achètent s’engagent à ne pas restreindre l'utilisation par d'autres de ces graines ou de leurs dérivés par des brevets. Une cinquantaine de sélectionneurs de semences proposent près de 500 variétés de semences libres de droits. Une même initiative, baptisée GOSSI, existe également à l’international, dans des pays tels que l’Inde, la Thaïlande ou l'Argentine. En Europe, l’initiative Open Source Seeds (OSS) se développe dans un contexte différent : celui des lois européennes relatives à la protection des semences. Une licence open source est imprimée sur chaque paquet de semences OSS en Europe. Quiconque en acquiert un s'engage à ne jamais breveter ces semences ou leur future reproduction. En France, depuis juin 2020, la loi sur la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires autorise par ailleurs la vente de semences paysannes aux jardiniers amateurs comme aux collectivités publiques. Est ainsi permise la vente des « semences traditionnelles ou nouvellement élaborées, relevant du domaine public, plus rares et garantes de la biodiversité. » Cette loi concerne toutes les variétés du domaine public dont les semences sont vendues aux amateurs.
Qu’entend-on par semences traditionnelles ou paysannes ? Celles qu’un agriculteur va directement prélever dans sa récolte afin de les replanter. Environ 90 % des variétés agricoles traditionnelles n’étant plus cultivées, les semences open source préservent à la fois la biodiversité et l’indépendance des agriculteurs, professionnels ou en herbe. Face aux enjeux tant de souveraineté alimentaire que de réchauffement climatique, la SEMAE, l’interprofession des semences et plants, travaille quant à elle à proposer des semences correspondant aux attentes en matière de protection de la biodiversité et répondant à la demande du grand public d’avoir de moins en moins de chimie. Les initiatives en la matière se multiplient, comme dans le Grand Lyon, où un réseau de fermes semencières est en cours de création. Son rôle : sélectionner en France et à l’étranger des semences de variétés anciennes, adaptées au réchauffement climatique ou d’une meilleure qualité nutritionnelle et gustative. Ces semences seront mises gratuitement à la disposition des agriculteurs locaux. En Franche-Comté, un réseau de fermes a donné naissance au collectif de La Semencerie : ces agriculteurs produisent eux-mêmes leurs semences, puis récupèrent les graines de leurs légumes pour les semer ou les revendre à la saison suivante à des jardiniers amateurs. En effet, la loi française interdit la commercialisation auprès des professionnels de semences non-inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés des plantes cultivées. De son côté, le Réseau Semences Paysannes, né en 2003, regroupe désormais une quinzaine de collectifs semenciers et près de 70 agriculteurs à travers la France.