The Chosen : pourquoi la série sur la vie de Jésus cartonne
Les réalisateurs ne s'appuient pas sur l'utilisation de décors grandioses ou d'effets spéciaux tape à l'œil. Mais là où on pouvait reprocher à quelques films d'inspiration biblique des trames peu élaborées et le manque de complexité de certains personnages, The Chosen se démarque. Le choix est fait de tabler sur l'évolution des personnages principaux, avec leurs singularités, et sur la capacité à plonger les spectateurs au cœur d'une société juive vivant sous la domination de la Rome païenne, mais toujours régie par les lois de l'Ancien Testament (la série propose plusieurs flashbacks sur des épisodes de celui-ci, afin d'éclairer le contexte historique et religieux du récit).
Les scénaristes imaginent habilement le quotidien de ceux qui entourent le Christ et les bouleversements qui s'opèrent au contact de Jésus : apôtres, femmes, pharisiens, Romains, petites gens ou individus puissants, tous sont concernés. Une interprétation moderne des dialogues et des histoires de fond est proposée, l'exemple le plus intrigant étant peut-être le personnage de Matthieu, l'un des disciples et auteur de l'Évangile, qui est dépeint comme autiste.
La quatrième saison met en scène plusieurs moments forts : l'exécution de Jean le Baptiste, Simon qui reçoit le nom de Pierre face à l'incompréhension du reste des apôtres et, le point culminant, la résurrection de Lazare. Jésus attire de plus en plus de disciples par ses sermons et ses miracles. Mais ses opposants commencent à se transformer en véritables ennemis. L'idée que l'histoire puisse prendre une tournure plus douloureuse se renforce. Les débats verbaux commencent à se transformer en violence physique. Alors que la crucifixion approche, les réalisateurs ont choisi de plonger plus profondément dans les émotions des protagonistes. L'un de ceux les plus concernés est évidemment Jésus lui-même.
La représentation de l'humanité du Christ est en effet une des clés de la série. Au point que, dans une interview à l'1visible, Jonathan Roumie, l'acteur qui incarne Jésus à l'écran, fait de l'identification avec lui le cœur du message missionnaire porté par The Chosen : « Il est possible de se sentir très proche, de s'identifier à Jésus. Il est d'une proximité insoupçonnée. » Pour Dallas Jenkins, le réalisateur, c'est la pleine humanité du Christ qui nous relie à lui et nous permet de prendre conscience de sa capacité de compassion à notre égard.
Le Jésus de Jenkins fait l'expérience fréquente et profonde des émotions humaines les plus élémentaires. Il peut rire ou pleurer de façon tout à fait réaliste selon les événements : devant le tombeau de Lazare et en référence au verset qui indique que « Jésus pleura » (Jn 11,35), il tombe à genoux et se met à sangloter. « Je pense que nous levons le voile et les barrières que nous avons parfois mises entre nous et le Jésus authentique, explique le réalisateur. Même si nous avons beaucoup d'éléments dans la série qui ne sont pas directement issus des Écritures, je crois que nous saisissons fidèlement le caractère et les intentions de Jésus dans les Évangiles. Et je pense que cela permet aux personnes qui ne croient pas d'apprécier la série. Elles se disent simplement : "D'accord, ce n'est pas si menaçant, pieux ou religieux au point de vouloir me vendre quelque chose ; cela ressemble plutôt à un drame historique." »
La série prouve, en définitive, que la vie de Jésus intéresse toujours nos contemporains et que leur soif de spiritualité n'est pas rassasiée. Trois saisons devraient encore paraître, afin d'englober l'ensemble de la vie du Christ sur terre, jusqu'après la Résurrection.