
Baptêmes : le catholicisme en France relève la tête
Si une hirondelle ne fait pas le printemps, la colombe du Saint-Esprit peut annoncer une embellie. Comme le note La Vie, « en cinq ans, le nombre de baptisés au sein de l'Église catholique a effectivement plus que doublé à la fois chez les adultes et chez les adolescents. Ils étaient 4 500 adultes à entrer dans la communauté catholique en 2020 et sont aujourd'hui 10 000. Du côté des 11-17 ans, ils étaient 1 200 en 2020 et sont aujourd'hui plus de 7 400 ». Par ailleurs, le rajeunissement est là : cette année, les moins de 25 ans représentent 42% des baptisés adultes contre 25% il y a cinq ans !
Ces chiffres sont à relativiser. Le 3 avril, le président récemment élu de la CEF, Mgr Jean-Marc Aveline, invitait à « ne pas crier cocorico trop vite » et à « rattraper le retard » dans l'accompagnement des catéchumènes. Pour la CEF, ces chiffres « sont à replacer dans un contexte plus global, d'une baisse de moitié en vingt ans du nombre de baptêmes en France, de 400 000 en l'an 2000 à 198 000 en 2022 ». Si on prend du champ, le naufrage donne le vertige : de 600 000 bébés baptisés en 1970, ils ne sont plus 200 000 aujourd'hui... La tendance est-elle en train de s'inverser ? C'est trop tôt pour le dire. Ce qui intrigue, c'est que des jeunes veuillent (encore) devenir catholiques, alors que tout les pousse à fuir l'Église, en particulier l'écho donné à la crise des abus dont l'effet est de rendre inaudible toute parole ecclésiale.
Qu'importe ! « L'Esprit souffle là où il veut », note Éric de Legge, rédacteur en chef d'Aleteia. De fait, « 65% des catéchumènes n'ont pas grandi dans une famille croyante et 50% assurent avoir découvert la foi par eux-mêmes ». La recherche personnelle prime pour 40% des personnes interrogées, loin devant la famille (23%) et les amis (14%). Cela renforce le caractère attestataire de leur foi : c'est une affaire entre eux et Dieu, et il en est fort bien ainsi. Cela ne signifie pas que l'entourage ne joue aucun rôle – les conjoints en particulier ont une grande influence – mais celui-ci vient en appui d'une démarche réfléchie. Les cathos de demain sont des pro-choix ! Le catholicisme, ils l'ont en bagage, pas en héritage.
C'est si vrai que la famille est supplantée dans son rôle d'accompagnement : « 54% des catéchumènes indiquent avoir été "le plus aidés" par un membre de l'Église, qu'il soit prêtre ou catéchiste ». Le parcours Alpha est souvent cité. En appui de leur foi naissante, « les amis (32%) comptent bien plus que la famille (16%). Un quart (24%) signale à n'avoir été aidé par personne dans leur chemin de foi ». Vraiment, la famille (ou ce qu'il en reste) a du mal à transmettre la foi, c'est l'une des leçons de cette enquête.
Un point concerne la messe. À la question « qu'est ce qui peut bien déclencher chez ces milliers de Français l'envie d'être baptisés ? » 40% répondent : une « expérience spirituelle », la messe jouant un rôle « déterminant » pour près de 27% des répondants. « C'est un des chiffres les plus frappants de notre enquête avec Famille Chrétienne », souligne Éric de Legge : « 83% des catéchumènes confient être allés à la messe avant d'entrer en catéchuménat, comme si elle était un déclencheur » et 42% indiquent y être allés seuls avant de demander le baptême, « preuve d'une authentique démarche personnelle », insiste-t-il.
Et les réseaux sociaux dans tout ça ? L'enquête pointe le rôle des influenceurs permettant cette « autoformation ». Logique, tout se tient : la demande personnelle rencontre l'offre numérique. « 78% des catéchumènes considèrent que les réseaux sociaux ont joué un rôle dans la découverte ou l'approfondissement de leur foi. » Aleteia et Famille Chrétienne observent que « 84% des catéchumènes qui ont répondu à l'enquête suivent un, ou plusieurs influenceurs sur les réseaux sociaux ». Un chiffre à méditer pour les évêques.