International
Bons baisers de Pékin : quand des caméras chinoises surveillent Londres
Non, ce n’est pas le titre d’une nouvelle aventure de James Bond… Il y a 6 millions de caméras de surveillance au Royaume-Uni, c’est-à-dire 1 pour 7 personnes. Ce marché est dominé par les sociétés Hikvision et Dahua, toutes deux liées à l’État chinois, dont les yeux inquisiteurs scrutent 60% des bâtiments gouvernementaux britanniques, y compris parmi les plus importants. Florence Read (UnHerd) a interrogé Silkie Carlo, la directrice de l’ONG Big Brother Watch qui a publié un rapport alarmant à ce sujet (voir l’interview en lien). D’abord pour dénoncer les risques d’installer des caméras dont la technologie est conçue par des entreprises dépendant d’un régime totalitaire, ensuite pour mettre en avant le danger encouru par des sociétés libérales qui acceptent un tel système de surveillance de ses citoyens…
Chaque jour, des millions de Britanniques sont observés par ces caméras. Or, une enquête a révélé qu’une caméra de la marque Hikvision communiquait avec un serveur en Chine. Si l’on considère la densité du réseau avec un matériel identique sur le territoire britannique, on pourrait se trouver face à l’espionnage le plus massif jamais observé (01’36’’). Elles sont loin les années 90, quand les caméras se contentaient d’enregistrer des images pour un visionnage éventuel par la police en cas d’infraction. Les nouveaux systèmes sont très évolués : non seulement ils sont connectés à internet mais ils utilisent aussi un logiciel d’analyse. On enregistre les températures, les comportements, les détails physiques : toute personne peut faire l’objet d’un dossier disponible dans une base de données.
Les mêmes technologies sont utilisées dans les camps d’internement chinois (05’04’’). Au dehors, les caméras savent identifier si un passant est de l’ethnie ouïghoure et alerter les autorités. Il n’y a pas de limite à la capacité de contrôle : une personne faisant signer une pétition contre le régime chinois peut être espionnée efficacement et suivie dans la rue. La reconnaissance faciale est redoutable car elle ne nécessite pas que la cible soit porteuse d’une puce électronique. On doit s’inquiéter que des supermarchés en Angleterre l’utilisent déjà pour établir des listes de « persona non grata » dans leurs établissements. C’est un modèle de société dystopique où l’on punit sur un simple soupçon avant qu’un crime ne soit commis.
Les politiques anti-Covid ont conduit à une expansion massive de la surveillance dans les sociétés dites libérales (08’43’’). De l’emploi de drones pour surveiller le respect d’un confinement, à la géolocalisation des téléphones portables, Hikvision a sauté sur l’occasion pour vendre ses solutions de contrôle des températures à l’aéroport de Londres Heathrow par exemple. Quand on ouvre la boîte de Pandore des capacités de l’intelligence artificielle, on passe de l’enregistrement vidéo à l’analyse des comportements pour finir par alerter le gouvernement…
La Chine ayant investi beaucoup de ressources pour être à la pointe des technologies, il n’est pas étonnant de retrouver ses marques dans un marché global (10’12’’). Mais ce pays manipule les marchés en vendant des produits à la fois parmi les moins chers et les plus perfectionnés. L’intérêt économique à court-terme semble faire oublier aux pays occidentaux que le régime chinois est totalitaire et hostile. On sait que les Chinois sont surveillés constamment, et il n’y aucune raison de penser que les mêmes outils ne soient pas utilisés en dehors de ses frontières. Le ministère de la santé britannique vient de bannir la marque Hikvision de ses bureaux et hôpitaux. Mieux vaut tard que jamais…
Comment les populations peuvent-elles obliger leurs gouvernants à réagir ? (13’25’’) La forte réaction des pays de l’OTAN face à la Russie donne des arguments à tous ceux qui veulent changer les choses. Quelle protection, quelles mesures de rétorsion face à la Chine et son régime totalitaire ? Quid de l’Arabie Saoudite ? On invoque des arguments moraux pour condamner la Russie, mais on les ignore dans le cas de pays qui ne sont pas plus démocratiques… (17’) C’est en votant, en exigeant des parlementaires qu’ils contrôlent les décisions d’un gouvernement, qu’on arrive à obtenir des résultats. Au niveau local, les citoyens doivent poser des questions précises sur les caméras de leurs communes : pourquoi et comment fonctionnent-elles ? Les caméras n’ont pas démontré leur efficacité pour diminuer les homicides ni les attaques à main armée (19’). Sont-elles des pis-aller pour pallier les échecs politiques dans les domaines de l’éducation ou de l’immigration ?
L’invasion des caméras de surveillance pose un problème de sécurité immédiat face à un fournisseur hostile. À plus long terme, quelle société voulons-nous construire ? L’exemple chinois démontre que les individus changent leurs comportements quand ils se savent observés. Ils s’auto-censurent massivement par exemple. Une société surveillée devient monolithique. C’est incompatible avec le libéralisme revendiqué des pays de l’Ouest…
Chaque jour, des millions de Britanniques sont observés par ces caméras. Or, une enquête a révélé qu’une caméra de la marque Hikvision communiquait avec un serveur en Chine. Si l’on considère la densité du réseau avec un matériel identique sur le territoire britannique, on pourrait se trouver face à l’espionnage le plus massif jamais observé (01’36’’). Elles sont loin les années 90, quand les caméras se contentaient d’enregistrer des images pour un visionnage éventuel par la police en cas d’infraction. Les nouveaux systèmes sont très évolués : non seulement ils sont connectés à internet mais ils utilisent aussi un logiciel d’analyse. On enregistre les températures, les comportements, les détails physiques : toute personne peut faire l’objet d’un dossier disponible dans une base de données.
Les mêmes technologies sont utilisées dans les camps d’internement chinois (05’04’’). Au dehors, les caméras savent identifier si un passant est de l’ethnie ouïghoure et alerter les autorités. Il n’y a pas de limite à la capacité de contrôle : une personne faisant signer une pétition contre le régime chinois peut être espionnée efficacement et suivie dans la rue. La reconnaissance faciale est redoutable car elle ne nécessite pas que la cible soit porteuse d’une puce électronique. On doit s’inquiéter que des supermarchés en Angleterre l’utilisent déjà pour établir des listes de « persona non grata » dans leurs établissements. C’est un modèle de société dystopique où l’on punit sur un simple soupçon avant qu’un crime ne soit commis.
Les politiques anti-Covid ont conduit à une expansion massive de la surveillance dans les sociétés dites libérales (08’43’’). De l’emploi de drones pour surveiller le respect d’un confinement, à la géolocalisation des téléphones portables, Hikvision a sauté sur l’occasion pour vendre ses solutions de contrôle des températures à l’aéroport de Londres Heathrow par exemple. Quand on ouvre la boîte de Pandore des capacités de l’intelligence artificielle, on passe de l’enregistrement vidéo à l’analyse des comportements pour finir par alerter le gouvernement…
La Chine ayant investi beaucoup de ressources pour être à la pointe des technologies, il n’est pas étonnant de retrouver ses marques dans un marché global (10’12’’). Mais ce pays manipule les marchés en vendant des produits à la fois parmi les moins chers et les plus perfectionnés. L’intérêt économique à court-terme semble faire oublier aux pays occidentaux que le régime chinois est totalitaire et hostile. On sait que les Chinois sont surveillés constamment, et il n’y aucune raison de penser que les mêmes outils ne soient pas utilisés en dehors de ses frontières. Le ministère de la santé britannique vient de bannir la marque Hikvision de ses bureaux et hôpitaux. Mieux vaut tard que jamais…
Comment les populations peuvent-elles obliger leurs gouvernants à réagir ? (13’25’’) La forte réaction des pays de l’OTAN face à la Russie donne des arguments à tous ceux qui veulent changer les choses. Quelle protection, quelles mesures de rétorsion face à la Chine et son régime totalitaire ? Quid de l’Arabie Saoudite ? On invoque des arguments moraux pour condamner la Russie, mais on les ignore dans le cas de pays qui ne sont pas plus démocratiques… (17’) C’est en votant, en exigeant des parlementaires qu’ils contrôlent les décisions d’un gouvernement, qu’on arrive à obtenir des résultats. Au niveau local, les citoyens doivent poser des questions précises sur les caméras de leurs communes : pourquoi et comment fonctionnent-elles ? Les caméras n’ont pas démontré leur efficacité pour diminuer les homicides ni les attaques à main armée (19’). Sont-elles des pis-aller pour pallier les échecs politiques dans les domaines de l’éducation ou de l’immigration ?
L’invasion des caméras de surveillance pose un problème de sécurité immédiat face à un fournisseur hostile. À plus long terme, quelle société voulons-nous construire ? L’exemple chinois démontre que les individus changent leurs comportements quand ils se savent observés. Ils s’auto-censurent massivement par exemple. Une société surveillée devient monolithique. C’est incompatible avec le libéralisme revendiqué des pays de l’Ouest…