La bataille de l'abaya, épisode d'une guerre d'usure
L'interdiction du port de l'abaya (longue robe islamique) et du qamis (tunique masculine) dans les écoles, collèges et lycées publics, a été validée ce 7 septembre par le Conseil d'État saisi en urgence par l'association Action Droits des Musulmans (ADM). Lors de l'audience, le débat avait surtout tourné autour de la portée religieuse de la tenue, l'avocat de l'ADM, Vincent Brengarth, assurant que l'abaya « ne peut pas être considérée comme un vêtement religieux mais traditionnel ». Mais pour le ministère de l'Éducation nationale, ce vêtement « fait immédiatement reconnaître celui qui le porte comme appartenant à la religion musulmane ». La décision du nouveau ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal (27 août) a été fermement appuyée par Emmanuel Macron — « Nous ne laisserons rien passer » à la rentrée » avait-il prévenu le 1er septembre lors d'un déplacement dans un lycée professionnel à Orange (Vaucluse). Autant de signes d'un revirement après le bref mais calamiteux ministère de Pap Ndiaye.
Gabriel Attal avait envoyé une note de service aux chefs d'établissements spécifiant que le port de l'abaya et du qamis « manifeste ostensiblement en milieu scolaire une appartenance religieuse (et) ne peut y être toléré ». Une mise au point relayée par le président de la République : « Les enseignants, les chefs d'établissement ne doivent jamais être laissés seuls face aux pressions qu'ils subissent » avait-il commenté, assurant les « hussards de la République » que « l'État, la République est derrière eux ». Comme on pouvait s'y attendre, ce n'est pas l'avis des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon en tête, et d'une partie des écologistes qui dénoncent une « chasse aux musulmans » tout en niant que le port de l'abaya soit un affichage religieux... Mais « les états-majors écolos et Insoumis sont désavoués par leurs électeurs », constate le Point en commentant un sondage IFOP (en lien ci-dessous).
L'expérience vérifiera la solidité de ce sursaut de fermeté. Toutefois, gagner une bataille n'est pas gagner la guerre. La victoire symbolique sur l'abaya, si elle se confirme dans les faits, n'offrirait qu'un répit face à la situation générale de l'Éducation nationale : « Aujourd'hui, un jeune Français sur cinq, à l'âge de 18 ans, a du mal à lire le français » relevait le député européen François-Xavier Bellamy sur Europe 1 le 28 août. Cet état de l'école n'est pas sans rapport avec celui d'un pays qui doit faire face à de nouvelles déferlantes migratoires : l'an dernier, 320 330 titres de séjour ont été octroyés en France, plus 156 103 demandes d'asile. Soit 476 433 immigrés « officiels », l'équivalent des habitants de Toulouse, auxquels s'ajoute la masse des clandestins : selon le ministre de l'Intérieur lui-même, 600 000 à 700 000 personnes se trouvaient dans le pays sans papier il y a deux ans (tweet du 21 novembre 2021)…
La France compte plus de 10 % d'immigrés, soit près de sept millions de personnes. Outre l'afflux migratoire, la fécondité des immigrées est supérieure à celle des Françaises de souche (selon l'Insee, les femmes immigrées nées entre 1960 et 1974 résidant en France ont eu en moyenne 2,35 enfants au cours de leur vie, contre 1,86 enfant pour les femmes des mêmes générations nées en France sans parents immigrés). « L'apport migratoire va constituer l'essentiel de la croissance de la population française » indiquait Bruno Tertrais, expert associé à l'Institut Montaigne dans une note publiée le 28 août. En 2022, l'immigration a compté pour « près des trois quarts de l'accroissement de la population, une proportion inédite », souligne l'expert, qui précise : « Ces immigrés et leurs descendants immédiats représentent désormais un cinquième de la population. » « On s'écharpe sur le voile et l'abaya mais on continue d'importer des gens qui ont des mœurs étrangères sans jamais imposer les nôtres. L'histoire se fait par la démographie » a souligné Charlotte d'Ornellas sur CNEWS (5 septembre). Selon un sondage de l'institut CSA pour CNEWS, dévoilé ce jeudi 7 septembre, 64 % des Français sont favorables à l'arrêt total de l'immigration extra européenne en France.