Bac : les correcteurs ligotés par « l’harmonisation »
Par Philippe Oswald.
Synthèse n°386,
Publiée le 26/06/2018
Quelle valeur notre baccalauréat national a-t-il encore ? Certes, cette année comme les précédentes, une pétition de candidats circule à propos d’une épreuve jugée trop difficile, en l’occurrence celle de maths des Terminales S. Mais le gouvernement a répondu que le sujet de bac était « parfaitement en phase » avec les programmes, tout en précisant qu'il appartient aux commissions d'harmonisation de revoir ou non les barèmes de cette épreuve. Ah, les commissions d’harmonisation ! Elles sont la pièce maîtresse des fourches caudines sous lesquelles les autorités font passer les correcteurs et examinateurs afin qu’ils arrondissent leurs notes, toujours vers le haut ! Serait-ce pour dissimuler le recul constant de la France, en 26ème position des performances éducatives au classement PISA ?
Consignes, menaces, sanctions déguisées : nombre d’enseignants n’en peuvent plus d’être contraints de gonfler les notes pour respecter la moyenne idéale définie par leur académie …sous peine d’être eux-mêmes mal notés et sanctionnés ! Les récalcitrants sont de toute façon neutralisés par l’intervention de l’inspection qui n’hésite pas à passer derrière eux pour remonter leurs notes à leur insu ! L’objectif de ces « bidouillages » est d’atteindre un taux de réussite proche de 90% (il tourne autour de 88 % depuis quatre ans). Mais des professeurs se rebellent contre cette fabrique de notes « socialement correctes » au fonctionnement des plus opaques ! Le Point a enquêté sur les ressorts de cette révolte.