International
Au Danemark, on ne badine pas avec l’immigration
Quel est le pays membre de l’Union Européenne dont les citoyens peuvent connaître en un clic sur un site dédié les nationalités d’origine des personnes immigrées, leur taux d’emploi, la part de l’aide sociale qui leur est attribuée, les faits de violence selon le pays d’origine de leurs auteurs ? Un pays « fasciste », dominé par l’extrême droite ? Nullement : c’est celui de Hamlet, devenu un royaume paisible, aujourd’hui gouverné par les sociaux-démocrates (centre gauche). Voilà plus de vingt ans que les gouvernements danois successifs, de droite ou de gauche, ont cessé de se déchirer ou de se faire « des nœuds au cerveau » à cause de l’immigration, mais poursuivent sérieusement, en soignant les détails, une politique d’accueil contrôlé.
Rien n’est négligé pour que le filtre de l’intégration soit efficace. On ne s’installe pas au Danemark sans être éligible au travail, indépendamment des aides sociales, sans maîtriser la langue, l’histoire, la culture du Royaume au terme d’un parcours de formation très exigeant. Le regroupement familial est strictement conditionné. Pas question d’être naturalisé si l’on a été condamné à une peine de prison, même avec sursis. Les déboutés du droit d’asile qui s’obstineraient à rester dans le pays risquent la prison en plus de l’arrêt des prestations sociales. Mais l’efficacité de la politique danoise d’intégration tient avant tout, en amont, au choix de régler l’immigration sur les besoins économiques du pays, ce qui favorise évidemment l’intégration. Résultat : l’immigration a diminué de 28% en cinq ans (entre 2014 et 2019) au Danemark. Et les demandes d’asile ont baissé de 82%... Un dossier de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol, en lien ci-dessous) détaille cette « recette » danoise qualifiée de « fermeture consensuelle ».
Le consensus est solidement installé chez les Danois en faveur d’une immigration fermement maîtrisée et régulée. Cette politique a certes été initiée par la droite à son arrivée au pouvoir en 2001, mais elle a été poursuivie et même ajustée par la gauche sociale-démocrate. Quoique issue de l’aile gauche du parti social-démocrate, l’actuelle première ministre, Mette Frederiksen, a « resserré les boulons » après avoir relevé dans ses fonctions précédentes (ministre du Travail puis ministre de la Justice) des ratés dans l’intégration. Par exemple, grâce à une loi d’externalisation de juin 2021, les demandes de visas pour entrer au Danemark doivent désormais être traitées dans un pays tiers extra-européen (un exemple suivi par le Royaume Uni le mois dernier). Membre de l’Union Européenne, de l’espace Schengen et de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, le Royaume a crânement obtenu des dérogations aux traités européens pour traiter juridiquement les ressortissants de pays tiers selon ses propres règles, afin de réduire drastiquement les flux migratoires.
Le Danemark aurait-il cessé d’être un « État-providence » ? Au contraire ! C’est pour qu’il puisse le rester que la classe politique s’est unie face au problème migratoire, souligne Dominique Reynié, directeur de la Fondapol. Il explique l’incompatibilité entre la préservation d’un modèle social protecteur et une immigration incontrôlée dans un entretien au Figaro (8 janvier) : « Il existe un lien entre l’avènement du multiculturalisme et la montée de la défiance interpersonnelle, finissant par remettre en cause l’adhésion à l’État-providence. (...). Accepter que l’État prélève une part de vos revenus pour la redistribuer au profit d’autres personnes suppose de reconnaître les autres personnes comme des membres de la même communauté. C’est le consensus fondamental. » Ce réalisme a réussi au parti social-démocrate qui a été confortablement reconduit à la tête du pays le 1er novembre dernier. Conclusion du directeur de la Fondapol : « La politique danoise d’immigration pose une question fondamentale aux Européens : peut-on assurer l’avenir de l’État-providence sans une politique migratoire restrictive et intégratrice ? » On devine à quel autre « État-providence » membre de l’UE s’adresse en priorité cette question...
Rien n’est négligé pour que le filtre de l’intégration soit efficace. On ne s’installe pas au Danemark sans être éligible au travail, indépendamment des aides sociales, sans maîtriser la langue, l’histoire, la culture du Royaume au terme d’un parcours de formation très exigeant. Le regroupement familial est strictement conditionné. Pas question d’être naturalisé si l’on a été condamné à une peine de prison, même avec sursis. Les déboutés du droit d’asile qui s’obstineraient à rester dans le pays risquent la prison en plus de l’arrêt des prestations sociales. Mais l’efficacité de la politique danoise d’intégration tient avant tout, en amont, au choix de régler l’immigration sur les besoins économiques du pays, ce qui favorise évidemment l’intégration. Résultat : l’immigration a diminué de 28% en cinq ans (entre 2014 et 2019) au Danemark. Et les demandes d’asile ont baissé de 82%... Un dossier de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol, en lien ci-dessous) détaille cette « recette » danoise qualifiée de « fermeture consensuelle ».
Le consensus est solidement installé chez les Danois en faveur d’une immigration fermement maîtrisée et régulée. Cette politique a certes été initiée par la droite à son arrivée au pouvoir en 2001, mais elle a été poursuivie et même ajustée par la gauche sociale-démocrate. Quoique issue de l’aile gauche du parti social-démocrate, l’actuelle première ministre, Mette Frederiksen, a « resserré les boulons » après avoir relevé dans ses fonctions précédentes (ministre du Travail puis ministre de la Justice) des ratés dans l’intégration. Par exemple, grâce à une loi d’externalisation de juin 2021, les demandes de visas pour entrer au Danemark doivent désormais être traitées dans un pays tiers extra-européen (un exemple suivi par le Royaume Uni le mois dernier). Membre de l’Union Européenne, de l’espace Schengen et de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, le Royaume a crânement obtenu des dérogations aux traités européens pour traiter juridiquement les ressortissants de pays tiers selon ses propres règles, afin de réduire drastiquement les flux migratoires.
Le Danemark aurait-il cessé d’être un « État-providence » ? Au contraire ! C’est pour qu’il puisse le rester que la classe politique s’est unie face au problème migratoire, souligne Dominique Reynié, directeur de la Fondapol. Il explique l’incompatibilité entre la préservation d’un modèle social protecteur et une immigration incontrôlée dans un entretien au Figaro (8 janvier) : « Il existe un lien entre l’avènement du multiculturalisme et la montée de la défiance interpersonnelle, finissant par remettre en cause l’adhésion à l’État-providence. (...). Accepter que l’État prélève une part de vos revenus pour la redistribuer au profit d’autres personnes suppose de reconnaître les autres personnes comme des membres de la même communauté. C’est le consensus fondamental. » Ce réalisme a réussi au parti social-démocrate qui a été confortablement reconduit à la tête du pays le 1er novembre dernier. Conclusion du directeur de la Fondapol : « La politique danoise d’immigration pose une question fondamentale aux Européens : peut-on assurer l’avenir de l’État-providence sans une politique migratoire restrictive et intégratrice ? » On devine à quel autre « État-providence » membre de l’UE s’adresse en priorité cette question...