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L'arsenal du Hezbollah que Tsahal découvre à Beyrouth

Par Max George - Publié le 03/10/2024 - Crédits photo : Oliver Marsden, Middle East Images
Alors que l'armée israélienne a lancé une invasion militaire à Beyrouth, elle doit faire face à un Hezbollah renforcé militairement par rapport à 2006. Bien qu'affaibli ce mois-ci par la mort de son chef Hassan Nasrallah et d'une partie de son État-major, l'équipement du groupe armé chiite a considérablement augmenté ces dernières décennies.

Le Hezbollah libanais, première milice armée non-gouvernementale au monde, financée par l'Iran, affronte son ennemi israélien au sud de Beyrouth dans une guerre qui pourrait être très meurtrière. Outre les circonstances de guerre urbaine, habituellement sanglantes, la milice chiite s'est considérablement réarmée ces dernières années. D'après les dernières statistiques disponibles, elle posséderait environ quarante mille hommes et surtout un arsenal de guerre conséquent. Selon une estimation du Wall Street Journal (WSJ), le Hezbollah aurait une réserve de 100 000 à 160 000 roquettes de courte et de longue portée, entre 20 000 et 40 000 missiles balistiques et quelques centaines de missiles à plus longue portée. Ces chiffres contrastent considérablement avec ceux de 2006, époque où le Hezbollah ne possédait que 12 000 roquettes et missiles toutes catégories confondues.

Au début du mois, le groupe a déployé sa force de frappe dans le nord d'Israël, qu'il a pilonné de roquettes et de missiles, provoquant le déplacement forcé de quelque 65 000 Israéliens vers Tel Aviv et d'autres villes du pays. À titre de comparaison, le Hamas avait à peine un quart des armes de son allié iranien lors de son attaque du 7 octobre 2023, soit environ 5 000 missiles et roquettes.

En plus de bonnes capacités militaires, le groupe armée chiite est rompu au combat urbain et a fait preuve d'un sens tactique redoutable contre Tsahal durant la guerre de juillet-août 2006. L'une de ses stratégies consistait notamment à tirer sur les chars israéliens à quatre ou cinq kilomètres de distance, pour éviter un affrontement direct plus risqué. L'usage efficace des missiles antichars par le Hezbollah lui a permis de détruire vingt chars de Tsahal et de tuer vingt-quatre hommes lors de la dernière guerre. Durant ce même conflit, la milice iranienne avait tiré jusqu'à cent-cinquante roquettes par jour sur le nord d'Israël et avait même employé un missile antinavire iranien qui avait touché un navire israélien dans la Méditerranée. Aujourd'hui, le Hezbollah bénéficie de nouveaux missiles plus nombreux et plus performants, dont le missile antichar Almas 3, qui est une copie du missile téléguidé "Spike" conçu par les Israéliens. Le modèle en question a probablement été capturé par le Hezbollah en 2006 puis envoyé à l'Iran qui l'a reproduit sous un autre nom.

Quinze ans plus tard, les membres du Hezbollah sortent aussi mieux entraînés selon plusieurs experts. Pendant la guerre en Syrie, débutée en 2011, la milice chiite s'est battue aux côtés des armées régulières syriennes et russes, qui leur ont appris des techniques de combat propres aux armées conventionnelles. L'autre force de la milice chiite est sa maîtrise des drones, qu'elle a démontrée à plusieurs reprises ces derniers mois. L'exemple le plus récent est la destruction du "Drone Dome", un système anti-drone israélien de plusieurs millions de dollars, au mois de juin. Plus tôt en mai, un drone du Hezbollah a détruit un radar de surveillance israélien, intégré dans le ballon "Sky Dew". En plus de l'aide iranienne, l'organisation militaire chiite bénéficie du soutien de la Russie. Selon le WSJ, le groupe Wagner avait l'intention de lui livrer le système de défense antiaérien russe SA-22 en novembre 2023, lorsqu'elle se préparait à frapper Israël pour venger la guerre à Gaza. Aucune source n'a pu confirmer si le SA-22 était désormais aux mains du Hezbollah ou non.

L'avantage militaire dans ce nouveau conflit reste néanmoins du côté de Tsahal. Le Hezbollah doit d'abord faire face à une armée de 670 000 hommes d'active et de réserve. En termes d'armement, Tsahal a 241 avions de chasse, dont une majorité de F-35, 1 370 chars, 1 100 pièces d'artillerie, des milliers de drones, parmi les meilleures technologies de surveillance au monde et un service de renseignement hors norme. Par contraste, le Hezbollah n'a ni avions, ni hélicoptères. Ces moyens militaires disproportionnés ont permis à Tsahal d'éliminer le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, le 26 septembre, ainsi que toute la hiérarchie du groupe armé. Selon Tsahal, Nasrallah s'était rendu dans son bunker pour une réunion avec une partie de son État-major, dix-huit mètres sous terre. Une fois ce groupe repéré et pris au piège, l'aviation israélienne a largué plus de quatre-vingt bombes sur le bunker, qui fut entièrement détruit. Selon Le Parisien, le Mossad aurait été informé de l'arrivée de Nasrallah par un des hommes qui l'y accompagnait : l'information reste encore à confirmer.

Avec la perte d'une partie de son État-major, des centaines d'hommes blessés ou tués par l'explosion des talkie-walkies et des bippeurs truqués le 17 septembre, le Hezbollah demeure en position de faiblesse. Les frappes de Tsahal ces dernières semaines ont aussi dégradé une partie de leur capacité de tir. D'après des sources iraniennes de l'agence Reuters, l'Iran s'apprêtait à livrer davantage de roquettes au Hezbollah libanais avant l'assassinat de Nasrallah. Pour l'heure, il est difficile de savoir si le Hezbollah a reçu ces armes ou non.

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Le vaste arsenal du Hezbollah attend Israël au Liban
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