500 jours sans salaire ni indemnités pour les soignants non vaccinés !
Politique

500 jours sans salaire ni indemnités pour les soignants non vaccinés !

Par Philippe Oswald. Synthèse n°1808, Publiée le 28/01/2023 - Illustration : Shutterstock
Ce 28 janvier est le 500ème jour de suspension pour les soignants et assimilés – médecins, infirmiers, pompiers, personnels administratifs – privés de salaire et d’indemnités de chômage parce qu’ils n’ont pas voulu se faire vacciner contre le Covid. Les réseaux sociaux bruissent de témoignages poignants (#500JoursDeSuspension) de ces milliers d’hommes et de femmes sans ressources ni statut social depuis le 15 septembre 2021 : médecins, infirmiers, infirmières, dentistes, kinésithérapeutes, psychologues ou même contrôleurs de gestion, comme Ronel, une mère de famille (« Je n'ai aucun contact avec les patients mais je devrais être vaccinée »). Plusieurs se sont suicidés. Fêtés comme des héros avec leurs pairs au début de la crise sanitaire, ils ont basculé du jour au lendemain dans la catégorie des parias… Nombre de collègues vaccinés les soutiennent, par exemple Alice Desbiolles, médecin de santé publique, épidémiologiste, auteur de « Réparer la santé » en librairie ce 28 janvier, qui rappelait sur Europe 1, le 18 janvier dernier, l’importance du « consentement libre et éclairé de la personne » sans lequel aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué selon l’article L1111-4 du Code de la santé publique. Qui peut donner son consentement « libre et éclairé » pour se faire injecter un vaccin encore en phase expérimentale ? Certains « suspendus » l’ont été après avoir refusé une troisième dose parce qu’ils subissaient des effets secondaires éprouvants...

Il n’y a plus en Europe que deux pays à ne pas avoir encore réintégré leurs personnels soignants non vaccinés contre le Covid-19 : la France et la Hongrie. Interpellé sur ce sujet à l’Assemblée Nationale au mois de novembre dernier, François Braun, le ministre de la Santé, a saisi la Haute Autorité de Santé (HAS) qui doit remettre un avis sur la réintégration ou non des soignants non-vaccinés au cours de ce premier semestre 2023. Emmanuel Macron, interviewé le 3 décembre dernier par Le Parisien, déclarait : « La réintégration des soignants non vaccinés, je l’ai dit plusieurs fois, c’est une décision qui doit être scientifiquement fondée, de la même manière que leur exclusion l’avait été ». Scientifiquement fondée, vraiment ? Est-ce une position scientifique ou politique qu’adopte l’Académie nationale de médecine dans ce communiqué du 13 décembre 2022 où elle réaffirme son opposition à la réintégration des soignants non-vaccinés en arguant que « cette mesure ne résoudrait en aucune manière la pénurie de soignants dont souffrent le système hospitalier et les Ehpad ». L’idée que la suspension sans salaire ni indemnités soit d’une violence et d’une iniquité inouïes ne semble pas avoir effleuré l’Académie...

À ce jour, le gouvernement campe sur sa position : pas de réintégration des non-vaccinés. Interrogé sur cette exclusion durant une visite au centre hospitalier de Compiègne, le 25 novembre 2022, le ministre de la Santé, François Braun, a eu ces mots lapidaires : « Je veux parler aux 99% des soignants (...) vaccinés, c’est eux que je respecte ». Et d’ajouter que les personnes non vaccinées ont « volontairement tourné le dos à l’éthique ».

« Éthique ou orthopédie morale d’État ? » répond Barbara Houbre, psychanalyste, maître de conférences en psychologie clinique et psychologie de la santé, sur le site Kairos presse (en lien ci-dessous). Quand le ministre de la Santé martèle que « remettre en cause la vaccination est quelque chose que je ne peux pas entendre », est-il bien dans son rôle ? « La fonction de ministre de la Santé n’implique-t-elle pas justement de pouvoir dépasser ses positions personnelles pour entendre les voix divergentes ? » Quelle est d’ailleurs la « vérité scientifique » qu’on pourrait certifier intangible ? S’agissant par exemple de la protection contre la transmission qu’offriraient les vaccins, la vérité d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui : « Les vaccins actuellement sur le marché protègent incomplètement contre la transmission et cette efficacité partielle tend à diminuer au bout de trois mois » concède l’Académie nationale de médecine dans son communiqué du 13 décembre 2022. Si tel est le cas, objecte Barbara Houbre, « l’Académie de médecine ne devrait-elle pas exiger des soignants en poste qu’ils soient vaccinés depuis moins de trois mois » ? Si on ne les soumet pas à cette obligation, comment justifier la suspension des non vaccinés ? Suffit-il d’arguer que 7,3 milliards de doses ont déjà été administrés dans le monde, comme s’y aventure l’Académie de médecine ? « Argument ubuesque » rétorque Barbara Houbre : « Depuis quand l’homme et la science peuvent-ils se soustraire au temps ? (...) L’Académie de médecine semble assimiler l’étendue au temps comme si rien ne distinguait ces deux dimensions. Le nombre de vaccins inoculés ne changera rien à l’affaire si des effets indésirables graves surviennent... » Or leurs listes s’allongent, dans tous les pays où la vaccination anti-Covid a été massivement pratiquée. À suivre !
La sélection
500 jours sans salaire ni indemnités pour les soignants non vaccinés !
Refus de réintégration des soignants : éthique ou orthopédie morale d’État ?
Kairos presse
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