Société
Pourquoi les multinationales se soumettent au wokisme
Les grandes sociétés multinationales américaines sont tombées dans le « wokisme » : un glissement d’abord lent et discret puis massif et rapide. Le contenu des formations à la « diversité » de la plupart des groupes arborant les marques les plus reconnues au monde est stupéfiant. Comment en est-on arrivé, au sein de l’élite américaine, à promouvoir des stages où les Blancs sont sommés de dénoncer leurs « privilèges » ? À imposer de nouvelles « valeurs » devant effacer les convictions individuelles ? Le professeur de sociologie à l’université UCLA Gabriel Rossman explique pour City Journal (voir l’article en lien ci-dessous) que cette évolution n’est pas étonnante. L’étude du comportement des organisations humaines fait ressortir deux phénomènes que les sociologues appellent « le néo-institutionnalisme » et « l’isomorphisme ». Les sociétés ont tendance à sortir de leur mission première et de leur compétence pour se conformer à leur environnement.
L’étude des sociétés « primitives » a montré comment les groupes humains se tournent naturellement vers la magie, le surnaturel pour assurer la bonne fortune de leurs entreprises. Les diplômés des grandes écoles qui occupent des postes à responsabilités dans les multinationales aujourd’hui ne sont pas vraiment différents. Au lieu d’appeler le chaman, on paie un consultant pour désigner les problèmes, enseigner les « bonnes pratiques » afin d’adapter l’entreprise à son environnement. Les cabinets de consultants en « diversité » qui prospèrent aujourd’hui font office de chamans itinérants ayant flairé un excellent filon. Il ne s’agit pas tant de développer les capacités techniques des employés que d’assurer la légitimité du groupe dans son écosystème.
En 1983, DiMaggio et Powell ont publié dans l’American Sociological Review une théorie pour expliquer pourquoi les sociétés modernes ont tendance à s’imiter, à se conformer à leur environnement. Ils désignent par « isomorphisme coercitif » l’adoption par une société de pratiques exigées soit par l’État soit par leurs partenaires commerciaux. L’introduction de la « discrimination positive » dans le monde privé en est un exemple frappant. Les décrets du gouvernement fédéral des États-Unis ne s’imposaient qu’aux fournisseurs des administrations publiques. Comme la plupart des grandes entreprises voient dans les organismes étatiques des clients importants, la politique s’est étendue à toute l’économie. Ce phénomène a été encore plus rapide et radical dans le monde de l’éducation qui dépend de subventions versées par l’État, non sans conditions… Si une grande école récompense les candidats qui emploient un langage « inclusif », alors automatiquement les écoles préparatoires se voient forcées de suivre le mouvement.
Les universités américaines ont glissé vers le « wokisme » sous l’influence des « déconstructivistes » français avant le monde de l’entreprise. Les têtes bien pleines entrent dans le monde du travail et, en grimpant les échelons, vont naturellement chercher à influencer le fonctionnement de leur entreprise. C’est ce qu’on appelle « l’isomorphisme normatif ». Si le cursus universitaire est imbibé par la lutte pour la « justice sociale », il n’est pas étonnant que la radicalité des amphithéâtres se retrouve dans les cursus de formation… On sait par ailleurs que l’activisme de petits groupes d’employés a aujourd’hui un poids considérable sur la politique interne et sur la stratégie de communication externe. De plus en plus de multinationales américaines incluent dans leurs offres de mutuelles de santé des programmes de « transition de genre ». Les groupuscules LGBT ont exercé une pression concertée pour obtenir cette « avancée », un coût considérable pour l’entreprise au bénéfice d’une infime minorité…
« L’isomorphisme mimétique » désigne la tendance qu’ont les sociétés à imiter les leaders sur leurs marchés. On cherche le prestige en adoptant les « bonnes pratiques » d’organisations prestigieuses. L’exemple de la firme de conseil et de formation en « diversité » Pollyanna est parlant. Elle liste 77 des lycées américains les plus cotés parmi ses clients. Le message est clair : « Vous voulez l’excellence ? Vous devez faire appel à nous ! »
Le « néo-institutionnalisme » explique enfin pourquoi des entreprises privées adoptent des pratiques qui ne vont pas forcément dans le sens de leur prospérité financière. La légitimité d’un groupe dans son environnement est plus importante que son efficacité. Même les dirigeants « visionnaires » vont avoir tendance à se suivre. On fait appel aux chamans et aux esprits parce que les voix dominantes autour semblent y croire. Le rituel est implacable. Y déroger revient à s’exclure de la communauté. Les hommes modernes conservent les tabous qu’ils moquent dans les sociétés « primitives ».
Dans le monde de la construction sociale, les faits objectifs pèsent peu face au consensus – même s’il est établi sur des perceptions subjectives. La conformité est une tentation difficilement résistible …
L’étude des sociétés « primitives » a montré comment les groupes humains se tournent naturellement vers la magie, le surnaturel pour assurer la bonne fortune de leurs entreprises. Les diplômés des grandes écoles qui occupent des postes à responsabilités dans les multinationales aujourd’hui ne sont pas vraiment différents. Au lieu d’appeler le chaman, on paie un consultant pour désigner les problèmes, enseigner les « bonnes pratiques » afin d’adapter l’entreprise à son environnement. Les cabinets de consultants en « diversité » qui prospèrent aujourd’hui font office de chamans itinérants ayant flairé un excellent filon. Il ne s’agit pas tant de développer les capacités techniques des employés que d’assurer la légitimité du groupe dans son écosystème.
En 1983, DiMaggio et Powell ont publié dans l’American Sociological Review une théorie pour expliquer pourquoi les sociétés modernes ont tendance à s’imiter, à se conformer à leur environnement. Ils désignent par « isomorphisme coercitif » l’adoption par une société de pratiques exigées soit par l’État soit par leurs partenaires commerciaux. L’introduction de la « discrimination positive » dans le monde privé en est un exemple frappant. Les décrets du gouvernement fédéral des États-Unis ne s’imposaient qu’aux fournisseurs des administrations publiques. Comme la plupart des grandes entreprises voient dans les organismes étatiques des clients importants, la politique s’est étendue à toute l’économie. Ce phénomène a été encore plus rapide et radical dans le monde de l’éducation qui dépend de subventions versées par l’État, non sans conditions… Si une grande école récompense les candidats qui emploient un langage « inclusif », alors automatiquement les écoles préparatoires se voient forcées de suivre le mouvement.
Les universités américaines ont glissé vers le « wokisme » sous l’influence des « déconstructivistes » français avant le monde de l’entreprise. Les têtes bien pleines entrent dans le monde du travail et, en grimpant les échelons, vont naturellement chercher à influencer le fonctionnement de leur entreprise. C’est ce qu’on appelle « l’isomorphisme normatif ». Si le cursus universitaire est imbibé par la lutte pour la « justice sociale », il n’est pas étonnant que la radicalité des amphithéâtres se retrouve dans les cursus de formation… On sait par ailleurs que l’activisme de petits groupes d’employés a aujourd’hui un poids considérable sur la politique interne et sur la stratégie de communication externe. De plus en plus de multinationales américaines incluent dans leurs offres de mutuelles de santé des programmes de « transition de genre ». Les groupuscules LGBT ont exercé une pression concertée pour obtenir cette « avancée », un coût considérable pour l’entreprise au bénéfice d’une infime minorité…
« L’isomorphisme mimétique » désigne la tendance qu’ont les sociétés à imiter les leaders sur leurs marchés. On cherche le prestige en adoptant les « bonnes pratiques » d’organisations prestigieuses. L’exemple de la firme de conseil et de formation en « diversité » Pollyanna est parlant. Elle liste 77 des lycées américains les plus cotés parmi ses clients. Le message est clair : « Vous voulez l’excellence ? Vous devez faire appel à nous ! »
Le « néo-institutionnalisme » explique enfin pourquoi des entreprises privées adoptent des pratiques qui ne vont pas forcément dans le sens de leur prospérité financière. La légitimité d’un groupe dans son environnement est plus importante que son efficacité. Même les dirigeants « visionnaires » vont avoir tendance à se suivre. On fait appel aux chamans et aux esprits parce que les voix dominantes autour semblent y croire. Le rituel est implacable. Y déroger revient à s’exclure de la communauté. Les hommes modernes conservent les tabous qu’ils moquent dans les sociétés « primitives ».
Dans le monde de la construction sociale, les faits objectifs pèsent peu face au consensus – même s’il est établi sur des perceptions subjectives. La conformité est une tentation difficilement résistible …