Pour sauver la planète, faut-il rouler au diesel ?
Écologie

Pour sauver la planète, faut-il rouler au diesel ?

Par Louis Daufresne. Synthèse n°1813, Publiée le 03/02/2023 - Photo : Shutterstock
On se souvient de la phrase-choc de Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement : « Wauquiez, c'est le candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel. Ça n'est pas la France du XXIe siècle que nous voulons. » On est en 2018 ; le chef de file des LR attaque l’exécutif sur la fiscalité écologique. Wauquiez défend le « ticket carburant », ce que Griveaux qualifie de « subvention à la pollution ».

Le diesel, c’est beauf et sale, on le sait. Laissons la beaufitude aux sociologues. Regardons plutôt si ce carburant menace la planète. L’article figure sur Caradisiac, « premier site d’info automobile », propriété de CarBoat Media qui possède aussi La Centrale. N’y voyez pas un biais. Dans son billet d’humeur intitulé Vers la réhabilitation du diesel ? le journaliste Jean Savary traite le sujet honnêtement. Et s’il sourit, il reste sérieux. Savary se fait l’écho d’une étude internationale parue dans la revue Nature. Il s’agit de comprendre pourquoi il n’y a jamais eu autant de méthane dans l’atmosphère qu’en 2020. Les résultats viennent de tomber.

Mais d’abord pourquoi le méthane ? Gaz à effet de serre, c’est un super-ennemi du climat : relâché sans être brûlé, son potentiel de réchauffement instantané est « 80 fois supérieur à celui du CO2 » ! On s’amuse des ruminants qui en saturent l’atmosphère, mais à chaque gaz malodorant, c’est l’apocalypse qui vient. On se lamente aussi devant le dégel du permafrost, la plus grosse bombe à méthane que largue le grand Nord russe et canadien. Bref, la communauté scientifique le dit : réduire les émissions de méthane « est aussi prioritaire que celle du CO2 ». Ce sont les mots de l’Agence internationale de l’énergie.

Réduire d’accord mais comment ? En faisant rouler les camions, pardi ! Le moteur diesel émet des NOx (oxyde d’azote), sorte de croque-méthane. Explication chimique : « Les NOx (…) ne sont pas un résidu de carburant, mais une dégradation du comburant (l’air : azote et oxygène) sous l’effet des hautes températures et pressions de ces moteurs. Soumis au rayonnement solaire, ces Nox se transforment en OH (hydroxyle), un radical qui décompose le méthane dans l’atmosphère. »

Depuis quand sait-on que faire rouler les camions participe à la lutte contre le réchauffement climatique ? Depuis le covid ! Vous ne comprenez plus ? C’est pourtant simple : le grand confinement cloue les camions au sol. Et ce qui doit arriver arrive : en 2020, observe Nature, le méthane « a été beaucoup moins dégradé par les émissions d’oxydes d’azote du transport routier ». CQFD.

Mais ce n’est pas tout. Selon Jean Savary, il y a un « double effet Kiss Cool » : on peut consommer un gaz à effet de serre pour émettre un autre gaz qui va réduire l’effet de serre ! Suivez le guide : on recueille le méthane au derrière des vaches et on fait carburer les tracteurs avec. Et « devinez quel moteur est le plus apte à fonctionner au méthane et avec le meilleur rendement ? C’est le diesel qui ne requiert guère plus de modifications que pour convertir un moteur essence au GPL, avec pour avantage supplémentaire de réduire considérablement ses émissions de particules mais, heureusement, pas celles… de NOx », les fameuses croqueuses de méthane réchauffant l’atmosphère. Tout est clair ?

Cette solution est-elle l’avenir du transport routier de longue distance ? Pour Savary, l’électrique à pile à combustible alimentée par hydrogène ne peut rivaliser avec le diesel carburant au méthane. Pourtant, l’UE prévoit de faire rouler sur le continent, dès 2030, 100 000 camions à hydrogène… Pour y arriver, il faudrait consacrer « 910 km2 de panneaux solaires ou 15 réacteurs nucléaires pour le produire proprement, c’est-à-dire par hydrolyse de l’eau. Sachant qu’il y a trois millions de camions en Europe, je vous laisse faire la multiplication ».

De surcroît, ajoute Savary, « le méthane est facile à produire – bien plus que l’éthanol ou le diester – à partir d’excréments et de toutes sortes de déchets organiques, domestiques, agricoles ou forestiers ».

Sans être la panacée, on se dit que le diesel, loin d’être un problème, fera partie de la solution.
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