International
Mais où sont donc passés les MIG russes ?
Après 10 jours de conflit en Ukraine, la situation reste difficile à lire pour les observateurs occidentaux. La guerre de l’information a installé un brouillard épais. Les forces russes, largement supérieures en nombre, bénéficient aussi d’une écrasante domination aérienne. Or, la guerre éclair qu’on attendait n’a pas eu lieu et les MIG russes sont restés discrets. Comment comprendre cette étrange situation ? Freddie Sayers a reçu Justin Bronk, chercheur au Royal United Services Institute et spécialiste des forces aériennes, lors d’une interview pour UnHerd (voir la vidéo en lien).
L’offensive russe n’a pas été aussi massive que le nombre d’unités le long de la frontière le laissait supposer. La plupart des avions sont restés cloués sur le tarmac des bases – ce qui est surprenant puisque c’est un atout majeur pour Vladimir Poutine (00’56’’). Le manque de coordination au sol donne des indices. D’une part, on a vu des colonnes mécanisées et blindées mal ravitaillées former des embouteillages. Des assauts par des forces spéciales en petits groupes acheminés par hélicoptères d’autre part, qui ont souvent très mal tourné. On peut lire que les Russes privilégiaient un renversement du régime de Kiev par des actions commandos voire clandestines. Cela n’a pas fonctionné. Aujourd’hui, plus de 80% des troupes russes ont franchi la frontière. Elles encerclent plusieurs grandes villes.
La puissance de l’armée russe reste fondée sur l’artillerie et la puissance de feu (02’28’’). Elle n’a pas la sophistication des principales armées occidentales qui cherchent à manœuvrer pour gagner des avantages tactiques. Les Russes sont restés sur un principe d’échiquier sur lequel avancent des groupes de combat mécanisés de 1000 hommes appuyés par des tanks, de l’artillerie, des moyens de brouillage électronique, de la DCA. Ils avancent par vagues. Lorsque la première ligne se trouve arrêtée, les groupes suivants prennent la relève pour faire une brèche. Or, la progression des colonnes par la route, cherchant à encercler les grands centres urbains, laisse penser qu’elles n’attendaient pas de résistance organisée (03’42’’). Tout porte à croire que les officiers russes n’ont eu que très peu de temps pour planifier les opérations.
Le moral des soldats de rang semble faible (04’18’’). Les prisonniers racontent tous la même histoire : ils pensaient être en manœuvres et ne comprennent pas pourquoi des gens qui parlent leur langue leur tirent dessus. Un grand nombre d’équipements ont été abandonnés par leurs équipages faute de carburant ce qui prouve de gros soucis logistiques.
L’armée de l’air russe a massé près de 310 avions autour de l’Ukraine (06’04’’). Le rapport de force est largement déséquilibré. L’Ukraine ne peut aligner qu’une cinquantaine d’aéronefs moins récents dont la moitié a déjà été détruite. Les Russes ont, dès le début, détruit les radars ukrainiens avec des missiles. On attendait donc une présence massive de l’aviation russe. Mais ce n’est pas le cas. Les aviateurs sont confrontés aux mêmes problèmes que les fantassins : ils n’étaient pas prêts. La logistique est lourde : il faut planifier les attaques et les programmes de maintenance.
Pourtant, on entend parler d’une invasion possible depuis plusieurs mois ! (10’24’’). Mais les Russes ont voulu garder leur plan secret jusqu’au bout, y compris pour leurs troupes. Et l’impréparation des forces d’invasion démontre que le Kremlin espérait gagner la partie par l’action de forces spéciales décapitant la tête de l’État ukrainien, suivie par la convergence de colonnes venant assurer le transfert de l’autorité à des pro-Russes dans les différentes régions…
Poutine retient ses coups pour l’instant : on n’a pas vu l’artillerie aplatir les villes assiégées comme il l’a fait à Grozny (12’22’’). Là encore, les Russes sont empêchés par la rhétorique qu’ils ont employée : on ne « libère » pas des villes en les réduisant en cendres. Ils se rendent compte maintenant qu’ils vont devoir mener des combats de rue. D’où l’emploi de bataillons tchétchènes qui sont plus sûrs dans ce genre de situation. Les bombardements lourds que subit Kharkiv actuellement laissent présager le pire. La deuxième ville d’Ukraine est pourtant peuplée de russophones et elle a connu des contremanifestations en 2014 quand le Président pro-russe Ianoukovytch a été chassé.
Vladimir Poutine ne peut plus faire marche arrière, sans obtenir au moins des garanties sur la neutralité ukrainienne et la reconnaissance des régions séparatistes (13’55’’). Acculé par l’échec de son plan initial et par l’avalanche de sanctions économiques venant des pays membres de l’OTAN, le maitre du Kremlin pourrait lâcher ses coups. Sans progrès rapide dans les négociations, les tirs de missiles relativement imprécis sur des cibles militaires ou symboliques pourraient alors laisser la place aux tirs massifs de batteries d’artillerie et de bombardements par des MIG enfin ravitaillés et briefés sur leurs cibles.
L’offensive russe n’a pas été aussi massive que le nombre d’unités le long de la frontière le laissait supposer. La plupart des avions sont restés cloués sur le tarmac des bases – ce qui est surprenant puisque c’est un atout majeur pour Vladimir Poutine (00’56’’). Le manque de coordination au sol donne des indices. D’une part, on a vu des colonnes mécanisées et blindées mal ravitaillées former des embouteillages. Des assauts par des forces spéciales en petits groupes acheminés par hélicoptères d’autre part, qui ont souvent très mal tourné. On peut lire que les Russes privilégiaient un renversement du régime de Kiev par des actions commandos voire clandestines. Cela n’a pas fonctionné. Aujourd’hui, plus de 80% des troupes russes ont franchi la frontière. Elles encerclent plusieurs grandes villes.
La puissance de l’armée russe reste fondée sur l’artillerie et la puissance de feu (02’28’’). Elle n’a pas la sophistication des principales armées occidentales qui cherchent à manœuvrer pour gagner des avantages tactiques. Les Russes sont restés sur un principe d’échiquier sur lequel avancent des groupes de combat mécanisés de 1000 hommes appuyés par des tanks, de l’artillerie, des moyens de brouillage électronique, de la DCA. Ils avancent par vagues. Lorsque la première ligne se trouve arrêtée, les groupes suivants prennent la relève pour faire une brèche. Or, la progression des colonnes par la route, cherchant à encercler les grands centres urbains, laisse penser qu’elles n’attendaient pas de résistance organisée (03’42’’). Tout porte à croire que les officiers russes n’ont eu que très peu de temps pour planifier les opérations.
Le moral des soldats de rang semble faible (04’18’’). Les prisonniers racontent tous la même histoire : ils pensaient être en manœuvres et ne comprennent pas pourquoi des gens qui parlent leur langue leur tirent dessus. Un grand nombre d’équipements ont été abandonnés par leurs équipages faute de carburant ce qui prouve de gros soucis logistiques.
L’armée de l’air russe a massé près de 310 avions autour de l’Ukraine (06’04’’). Le rapport de force est largement déséquilibré. L’Ukraine ne peut aligner qu’une cinquantaine d’aéronefs moins récents dont la moitié a déjà été détruite. Les Russes ont, dès le début, détruit les radars ukrainiens avec des missiles. On attendait donc une présence massive de l’aviation russe. Mais ce n’est pas le cas. Les aviateurs sont confrontés aux mêmes problèmes que les fantassins : ils n’étaient pas prêts. La logistique est lourde : il faut planifier les attaques et les programmes de maintenance.
Pourtant, on entend parler d’une invasion possible depuis plusieurs mois ! (10’24’’). Mais les Russes ont voulu garder leur plan secret jusqu’au bout, y compris pour leurs troupes. Et l’impréparation des forces d’invasion démontre que le Kremlin espérait gagner la partie par l’action de forces spéciales décapitant la tête de l’État ukrainien, suivie par la convergence de colonnes venant assurer le transfert de l’autorité à des pro-Russes dans les différentes régions…
Poutine retient ses coups pour l’instant : on n’a pas vu l’artillerie aplatir les villes assiégées comme il l’a fait à Grozny (12’22’’). Là encore, les Russes sont empêchés par la rhétorique qu’ils ont employée : on ne « libère » pas des villes en les réduisant en cendres. Ils se rendent compte maintenant qu’ils vont devoir mener des combats de rue. D’où l’emploi de bataillons tchétchènes qui sont plus sûrs dans ce genre de situation. Les bombardements lourds que subit Kharkiv actuellement laissent présager le pire. La deuxième ville d’Ukraine est pourtant peuplée de russophones et elle a connu des contremanifestations en 2014 quand le Président pro-russe Ianoukovytch a été chassé.
Vladimir Poutine ne peut plus faire marche arrière, sans obtenir au moins des garanties sur la neutralité ukrainienne et la reconnaissance des régions séparatistes (13’55’’). Acculé par l’échec de son plan initial et par l’avalanche de sanctions économiques venant des pays membres de l’OTAN, le maitre du Kremlin pourrait lâcher ses coups. Sans progrès rapide dans les négociations, les tirs de missiles relativement imprécis sur des cibles militaires ou symboliques pourraient alors laisser la place aux tirs massifs de batteries d’artillerie et de bombardements par des MIG enfin ravitaillés et briefés sur leurs cibles.
La sélection
Is the Russian war machine broken ?
UnHerd