L'astéroïde qui aurait causé l'extinction des dinosaures proviendrait d'au-delà de Jupiter !
La collision de l'astéroïde avec la Terre engendra une vague de chaleur planétaire suivie d'un hiver glacial. Ces changements brusques de températures sont l'une des causes de l'extinction de masse survenue il y a 66 millions d'années. Des incendies et des tsunamis auraient aussi pris place sur des milliers de kilomètres. Des espèces comme les Tyrannosaurus rex, les tricératops, les ptérosaures volants ou encore les mosasaures aquatiques disparaissent peu à peu de la surface du globe. Cette extinction marqua alors le passage entre deux ères géologiques, celle du crétacé et celle du paléogène. La collision de l'astéroïde avec la Terre libéra une énergie comparable à celle de 5 milliards de bombes atomiques et laissa une gigantesque cicatrice à la Terre : le cratère de Chicxulub. Ce cratère d'environ 177 kilomètres de diamètre se trouve au niveau de la péninsule du Yucatán au sud-est du Mexique.
L'enquête pour déterminer la cause de la disparition, entre autres, des dinosaures non aviens, débute dans les années 80 avec l'étude de fossiles et de sédiments. Les scientifiques constatent un pic global en iridium lorsqu'ils analysent des sédiments de la limite Crétacé-Paléogène. Ils constatent aussi la présence d'un autre métal : le ruthénium. Ces empreintes géologiques les amènent à penser que le projectile à l'origine du cratère de Chicxulub serait de nature extraterrestre. Au fil des années, les scientifiques assemblent des indices qui les conduisent notamment à étudier des restes de minéraux non présents à la surface de la Terre et dispersés à travers le monde dans plusieurs cratères d'impacts.
Ils cherchent par ailleurs la présence d'isotopes de ruthénium. Autrement dit, d'atomes présentant des propriétés similaires au ruthénium, avec un même nombre de protons, mais un nombre différent de neutrons. Mais pourquoi s'intéressent-ils au ruthénium et à ses isotopes ? Ce métal a des propriétés isotopiques qui varient en fonction des météorites. Étudier le rapport isotopique de cet élément, c'est-à-dire la proportion de chaque isotope dans un échantillon donné, permet d'en apprendre sur l'origine de ce dernier. Ces variations isotopiques sont en quelque sorte les empreintes génétiques de l'échantillon étudié, ici un échantillon de l'astéroïde.
À partir de l'étude des isotopes du ruthénium, l'origine et la composition de l'astéroïde peuvent être déterminées. Les astéroïdes sont ensuite classés en deux grandes catégories : ceux de type C et ceux de S. Ceux de type C, dits « carbonés », sont formés dans le système solaire externe, soit au-delà de Jupiter et ceux de type S, dits « silicatés », sont quant à eux originaires du système solaire interne. À noter qu'il est extrêmement rare qu'un astéroïde de type C rentre en collision avec notre planète. Ce type représente environ 4 % de l'ensemble des météorites retrouvées au sol ! D'après son rapport isotopique du Ruthénium, l'astéroïde ayant percuté la Terre à l'époque des dinosaures serait de type C.
Il proviendrait d'un groupe d'astéroïdes gravitant soit autour de Pluton ou non loin de la frontière du système solaire. Il s'agit d'une météorite très primitive, autrement dit qui n'a pas connu de changement géologique depuis sa formation au tout début de notre système solaire. Elle appartient à une famille que les scientifiques appellent les chondrites carbonées. Certains scientifiques pensent que cet astéroïde est assez unique. Des études supplémentaires sont nécessaires pour valider ou invalider cette hypothèse. La mise en évidence de l'origine de cet astéroïde met fin à un débat qui a pendant des décennies animé la communauté scientifique.
Ce résultat scientifique ouvre aussi la voie à d'autres études qui permettront une meilleure définition de l'origine des autres objets célestes ayant percuté la Terre depuis sa naissance, il y a 4,5 milliards d'années. Et si la Terre avait été heurtée par le passé par d'autres astéroïdes du même type que celui qui a causé l'extinction des dinosaures ? Même si, d'après la NASA, ce type d'évènement ne devrait pas se reproduire dans les 100 prochaines années, les scientifiques se penchent actuellement sur cette question dans le but de déterminer s'il pourrait avoir lieu dans un futur plus lointain et ainsi de pouvoir s'en prémunir. Cette découverte va également donner lieu à des études sur l'origine de l'eau sur Terre. Une hypothèse défendue par certains scientifiques énonce que l'eau aurait pu être apportée par le biais d'astéroïdes de type C.